Face à l'échec de ses négociations avec le Hamas, Mahmoud Abbas envisage la possibilité de constituer un gouvernement de technocrates. Le président Mahmoud Abbas (Abou Mazen) a mis fin aux spéculations. Face à l'échec des négociations avec les islamistes du Hamas sur la formation d'un cabinet d'union nationale, il s'est récemment dit favorable à la mise en place d'un "gouvernement de technocrates" indépendants. «Un gouvernement de technocrates est la solution la plus simple et la plus pratique. Cela dit, je n'ai pas d'objection à la mise en place d'un gouvernement d'union capable de mettre fin au siège», a déclaré M. Abbas lors d'une rencontre avec la presse à Ramallah, en Cisjordanie. «Dans un proche avenir, il nous faudra parvenir à des options nous permettant de sortir de cette crise le plus tôt possible. Il est impossible de rester dans cette situation», a poursuivi M. Abbas. Les discussions sur la formation d'une coalition avec le mouvement islamiste avaient échoué en raison du refus du Hamas d'assouplir sa position envers Israël. En laissant entendre qu'il pourrait limoger le gouvernement, Mahmoud Abbas a également annoncé la possibilité d'organiser un référendum sur cette décision. «S'il n'y a aucun texte constitutionnel sur une question qui se pose, je consulterais le peuple et j'organiserais un référendum sur la question», a déclaré le président palestinien. La loi fondamentale palestinienne, qui tient lieu de Constitution, autorise le président à limoger le gouvernement, mais elle n'évoque pas, par exemple, l'organisation d'élections anticipées. L'absence d'un accord entre le Fatah et Hamas a eu l'effet d'une douche froide sur les Palestiniens. Les espoirs de voir l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement d'union débouchant sur une levée des sanctions économiques se sont volatilisés. Le mouvement islamiste a battu le Fatah aux élections législatives de janvier, et l'Occident a suspendu son aide en raison du refus du Hamas de reconnaître Israël et de renoncer à la violence. La crise économique s'en est trouvée aggravée dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée. «Un gouvernement incapable de lever le siège est inutile», a dit Abbas en faisant référence à cet embargo occidental et aux restrictions imposées par Israël à la circulation des personnes et des marchandises. «Si je ne peux régler les problèmes des gens, je suis inutile». Ce mois-ci, la tension entre les partisans du Fatah et ceux du Hamas ont provoqué des affrontements armés qui avaient coûté la vie à 18 personnes. Ossama Hamdan, haut responsable du Hamas au Liban, a déclaré dans ce sens qu'Abbas se pliait aux quatre volontés d'Israël et des Etats-Unis, son allié. «Il ne fait que se conformer à ce que les Israéliens et les Américains lui disent de faire», a dit Hamdan à la chaîne de télévision Al-Jazeera. Le Hamas a également accusé le Fatah de tenter de renverser le gouvernement et il a brandi la menace de nouveaux troubles. Abbas a par ailleurs affirmé que les efforts en vue d'organiser un sommet avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert butaient sur la question des prisonniers palestiniens. Les Palestiniens s'attendaient à ce que, pour manifester sa bonne volonté envers Abbas, Olmert libère un grand nombre de détenus palestiniens, mais l'enlèvement, en juin, du caporal Gilad Shalit par des activistes de Gaza, a mis fin à ce processus.