Le Maroc a réagi, au plus haut niveau, aux propos du Pape Benoît XVI sur l'Islam. Après un message écrit du Souverain, le Royaume a rappelé son ambassadeur au Vatican pour consultation. Le Maroc a réagi, samedi dernier, aux propos du Pape Benoît XVI concernant l'Islam et les musulmans lors d'un discours prononcé à l'université de Ratisbonne (Allemagne) le 12 septembre 2006. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Commandeur des croyants, a adressé au Pape Benoît XVI un message écrit de protestation. Sur hautes instructions du Souverain, le Royaume du Maroc a également décidé le rappel pour consultation de son ambassadeur au Saint-Siège et ce à partir d'hier dimanche comme l'indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. Ali Achour, qui avait présenté ses lettres de créance le 22 février 2006 au Pape Benoît XVI, devait regagner Rabat dans la journée de dimanche. Le Maroc, pays musulman adepte du dialogue et de la tolérance entre les religions, proteste ainsi, et officiellement, contre des propos incendiaires qui interviennent juste quelques semaines après le retour au calme suite aux protestations qui avaient accompagné la publication de caricatures du Prophète Sidna Mohammed. Assailli par une série de protestations indignées du monde musulman, le Pape Benoît XVI a fini par s'exprimer, hier dimanche lors d'une messe, pour se déclarer "vivement attristé" des réactions suscitées par son discours du 12 septembre. Pour le Pape Benoît XVI, les propos incriminés feraient partie d'une "invitation au dialogue franc et sincère". Le Pape se justifie encore en affirmant que le contenu qui avait suscité la polémique a été puisé dans un texte remontant au Moyen-Âge (attribué à l'empereur Emmanuel II) et qu'il n'exprimait aucunement une opinion personnelle. Samedi dernier, le secrétariat général du Vatican avait anticipé la sortie dominicale du Pape Benoît XVI en affirmant que ce dernier était "absolument désolé" de la manière dont ses propos avaient été interprétés et qui ne correspondaient pas à "ses intentions". Le Pape Benoît XVI, qui s'exprimait le 12 septembre 2006 dans le cadre d'une conférence en Bavière, avait tenu des propos qui font le lien entre l'Islam et la violence. Ces propos ont suscité une série de coléreuses réactions demandant des excuses officielles au Pape Benoît XVI. L'Organisation de la conférence islamique (OCI) avait demandé au souverain pontife de clarifier sa (véritable) position sur l'Islam. La plus cinglante des réactions est venue de l'Iran où Ahmad Khatami, l'un des plus éminents chefs religieux, a affirmé que le Pape Benoît XVI ne connaissait pas "grand-chose de l'islam" et menacé que la colère des musulmans ne tomberait pas faute d'excuses sincères. Les propos du Pape Benoît XVI interviennent à un moment où les protestations dans le monde musulman, contre la publication de caricatures jugées insultantes pour le Prophète, venaient de s'apaiser. Ils interviennent surtout au moment où plus d'un milliard de musulmans, à travers le monde, s'apprêtent à accueillir le mois du Ramadan, période sacrée du calendrier de l'Hégire.Des incidents avaient été signalés dans plusieurs pays et notamment des actes de vandalisme contre des lieux de culte chrétiens. Lors de la messe du dimanche, le Vatican avait d'ailleurs connu un renforcement des dispositifs de sécurité de crainte d'une réaction violente contre le Pape Benoît XVI ou son entourage. Ce dernier a été invité par le chef de la diplomatie turque à ne pas annuler sa visite dans ce pays, prévue à la fin du mois de novembre prochain.