La grammaire démocratique, au Maroc, doit-elle accepter les synonymes du laxisme ? On pourrait soupçonner que «des enfants gâtés» de notre transition le suggèrent. Et n'en déplaisent à leurs arguments enrobés dans les dragées de la modernité, de la liberté et de l'indépendance, ils laissent, tout de même, un arrière goût de gâteux. Ainsi, le Maroc serait donc le seul pays à devoir lutter contre le terrorisme en subissant, dans tous les cas de figure, un procès en suspicion. Si l'Etat marocain lutte discrètement contre le terrorisme, il est soupçonné de déraisonner la raison d'Etat. Quand il essaye d'exposer la réalité de la menace, en communiquant sur le travail des services de sécurité, d'aucuns n'hésitent pas à le rabrouer lui faisant la querelle, facile au demeurant, du show destiné à épater la galerie. Dans la vie, comme dans tout contrat social, il y a des choses qui sont non négociables. Aucun Etat au monde, aucun démocrate, digne de ce nom, ne peut soumettre les exigences de la sûreté aux exigences de la démocratie. C'est ou de l'angélisme ou de la démagogie. Toute proportion gardée, la relation «sûreté/démocratie» entretient des rapports de même nature qu'entre «politique/ économie» : leur déséquilibre induit l'affaiblissement des deux. Dans une démocratie, le terrorisme n'est pas l'expression d'une opinion. C'est un passage à l'acte criminel odieux et méprisable. Y'associer Dieu, dans le cas des islamistes, alourdit l'ignominie. Plus, le terrorisme réfute le logiciel démocratique. Il se veut comme un déni de l'Etat de droit. Il faut donc lui dicter le droit de l'Etat. Il ne peut y avoir, dans ce domaine, des circonstances atténuantes. L'Etat, en faisant, est dans son rôle. Régalien par excellence. En la matière, la puissance publique ne peut faire preuve de faiblesse qu'à ses dépens. Les démocraties les plus avancées ont eu, dans les 30 dernières années, affaire aussi bien au terrorisme endogène, type bande à Baader, Brigades Rouges ou IRA, qu' exogène avec Gordji l'Iranien ou le groupe Abdellah, le Libanais. Depuis, elles font face à la nouvelle figure terroriste qui émerge des entrailles de leurs immigrations respectives style Kelkal en France, le meurtre de Théo Van Gogh en Hollande ou les Anglo-pakistanais de l'attentat de Londres. Ce combat rude, ces démocraties le mènent de manière implacable en modernisant, au coup par coup, l'arsenal juridique et technique de cette traque. Ils ont le soutien de leurs opinions. Personne, intellectuels et journalistes, ne doute de la justesse de ce combat. Même Londres, longtemps dénoncé comme «Londinstain», a compris sa douleur. Son territoire n'étant plus sanctuarisé et son habeas corpus détourné lui ont imposé le réalisme. Céder sur Ramda (1) , après dix ans de tergiversations, est le quitus de cette raison retrouvée. La grammaire démocratique, au Maroc, doit-elle accepter les synonymes du laxisme ? On pourrait soupçonner que «des enfants gâtés» de notre transition le suggèrent. Et n'en déplaisent à leurs arguments enrobés dans les dragées de la modernité, de la liberté et de l'indépendance, ils laissent, tout de même, un arrière goût de gâteux. C'est de Clemenceau la tirade qui dit que «la guerre est chose trop sérieuse pour la confier à des militaires». Il avait raison. Il y a lieu de penser la même chose du journalisme. C'est une chose trop précieuse pour ne pas la badigeonner avec n'importe quel encre…