Sortir en tout cas du cercle de la désespérance, du misérabilisme et enlever au «dealer» du quartier, au «délinquant» du derb, «l'aura» et l'ascendant qu'ils peuvent exercer sur les jeunes de leur environnement. Une interview de Si Mohamed El Gahs m'a donné le sujet de ma chronique de ce jour : l'ascenseur social ! En effet, le ministre en charge de la Jeunesse – fils d'une famille modeste d'instituteurs- peut, à juste titre, utiliser son propre exemple pour montrer aux jeunes que «cela existe», que «c'est possible». Or, effectivement, pour «entretenir la flamme», pour nourrir l'espoir légitime de tout jeune de trouver sa place dans la société et de progresser sur l'échelle sociale (ne serait-ce que par rapport à son propre père), il faut pouvoir lui montrer que certains, issus d'un même milieu, ont réussi à se hisser grâce à leurs propres compétences. La valeur de l'exemple! En France, lors des grandes périodes de doute au sein de la communauté issue de l'immigration, d'aucuns parmi nous ne se sont levés pour justement insuffler cet espoir, donner la «rage de vaincre». Si longtemps ces exemples ont été cantonnés aux réussites dans le sport ou la musique, aujourd'hui nombre de ces jeunes issus de l'immigration sont chefs d'entreprises, médecins, avocats…une dernière citadelle continue de résister mais finira par céder : je veux parler de la politique. Au Maroc d'aujourd'hui, si effectivement cela est «plus possible» qu'il y a quelques années, avouons que malheureusement l'ascenseur social qui permettrait à nos jeunes de s'élever est encore « en panne». Pourtant des exemples existent de jeunes issus de milieux modestes, ayant grandi dans nos quartiers, voire nos bidonvilles, et ayant réussi par leur talent, leur opiniâtreté et bien souvent le « sacrifice » des parents. Bien évidemment le sport, les arts sont – là aussi – des voies d'excellence mais sans rien enlever à ceux qui ont réussi dans ces domaines, il nous faudrait mettre en lumière ces jeunes qui ont réussi par leurs études, par leur ingéniosité, leur façon de «s'accrocher». Bref, comme le dit Si Mohamed El Gahs, montrer que «c'est possible», qu'il ne s'agit pas d'exceptions. Il ne s'agit pas de glorifier des cas, ni surtout de maquiller, mais bel et bien de donner des exemples concrets de réussite, de montrer que le travail et la persévérance peuvent donner leurs fruits, dans le Maroc d'aujourd'hui. Sortir en tout cas du cercle de la désespérance, du misérabilisme et enlever au «dealer» du quartier, au «délinquant» du derb, «l'aura» et l'ascendant qu'ils peuvent exercer sur les jeunes de leur environnement. Le mouvement associatif a un rôle important à jouer en la matière mais notre presse – notamment nos télévisions – également. Sans parler de la classe politique et différentes instances élues qui feraient beaucoup pour la réhabilitation de la politique en réparant leur propre ascenseur social.