Licencié par son employeur, il décide d'escroquer un honnête commerçant. Arrêté par la police, il a été condamné à deux ans de prison ferme. Redouane a l'habitude de prendre son petit-déjeuner sur la terrasse du café des Habous donnant sur le boulevard des FAR à Casablanca. Il y était ce matin du mois de juillet lorsque Saïd l'a accosté. «Te souviens-tu de moi ?», lui a-t-il dit en s'asseyant à sa table. Surpris, Redouane lui répond que les vicissitudes de la vie ne laissent personne se souvenir de qui que se soit. «On a déjà pris le café ensemble, je m'appelle Saïd». La trentaine bien portante, ce dernier donnait l'air de quelqu'un qui en avait gros sur le cœur. Licencié, après six ans de bons et loyaux services, il s'est retrouvé, du jour au lendemain, confronté aux vicissitudes d'une vie qu'il croyait avoir réglé comme du papier à musique. Boulot, dodo, café, femme, enfants, travail, emplettes, vacances, … Chaque jour ressemblait au précédent et chaque mois à l'autre. Seule différence entre les jours et les nuits qui égrenaient sa vie, une paie qui tombe régulièrement le 30 du mois et le ballet de créanciers qui se rappelaient à son bon souvenir en pareils moments. 72 fois, il eût à faire la queue devant la paierie. Pas un mois de plus. Depuis son licenciement, il ne pouvait plus subvenir ni à ses besoins ni à ceux de sa famille. Sa femme a donc demandé le divorce. Entre autres choses qu'elle lui reprochait : son irresponsabilité et le fait qu'il s'enivrait souvent et s'absentait sans raison de son emploi. N'en pouvant mais, il fit contre mauvaise fortune bon cœur. D'où la solitude qu'il a commencé à ressentir depuis que son épouse est retournée vivre chez ses parents, emmenant avec elle ses deux enfants. Il a accepté qu'elle le fit en attendant que la procédure de divorce arrive à son terme normal. Au fil des jours, Saïd s'est retrouvé également sans le moindre sou. Que doit-il faire pour en avoir ? Arnaquer d'honnêtes gens suffisamment crédules pour tomber dans ses filets. Habillé d'un costume de couleur sombre et muni d'un dossier et de journaux, il se rend au café des Habous. «Je suis fonctionnaire de l'Etat, je crois qu'on a déjà parlé d'un agrément de taxi», dit-il à Redouane. Ce dernier semblait certain de ne l'avoir jamais rencontré, ni parlé avec qui que se soit d'une quelconque demande d'obtention d'un agrément de taxi. «Ben, … Mais pourquoi pas. Si tu peux m'aider pour en avoir, je suis toute ouie ?», lui répond-il. En honnête commerçant, il croyait qu'il allait faire une bonne affaire. Saïd lui explique alors qu'il a la capacité d'intercéder en sa faveur pour avoir un agrément de taxi. «Mais rien n'est gratuit», lui fit-il remarquer. «Ma commission est de cinq mille dirhams». Après une courte hésitation, Redouane l'invite à boire un café et lui avance la somme promise. Un second rendez-vous est fixé dans le même café. Il ne s'y rendra pas. Il en explique les raisons par téléphone à Redouane. «J'ai un engagement à ce propos à Rabat». Un troisième rendez-vous est pris. Saïd le prie de lui remettre une rallonge de deux mille dirhams. «Tu auras ton agrément de taxi d'ici une semaine», lui promit-il après avoir empoché cette somme. Depuis, il n'a plus donné signe de vie à Redouane Ce dernier l'a attendu à mainte reprise au café. Mais en vain. Aussi décide-t-il de le dénoncer à la police. Une semaine plus tard, Saïd a été arrêté au centre-ville. Il n'a pas nié avoir arnaqué Redouane, mais il a juré ne pas avoir fait d'autres victimes. Le tribunal le condamnera à deux ans de prison ferme.