Naguib Mahfouz s'est éteint à l'âge de 95 ans, mercredi au Caire. Portrait posthume du seul écrivain arabe récipiendaire du prix Nobel de littérature. L'écrivain égyptien Naguib Mahfouz a dit son mot de la fin. Après avoir passé plus d'un mois dans l'Hôpital du Caire, le prix Nobel de littérature s'est éteint à l'âge de 95 ans, mercredi 30 août. Il sera inhumé ce jeudi à la mosquée Al Rashdan, dans le quartier de Madinat Nasr. Plusieurs personnalités du monde politique et culturel viendront rendre un dernier hommage à celui qui est considéré comme l'un des piliers du roman contemporain arabe. Né en 1911 dans une famille de la petite bourgeoisie cairote, Naguib Mahfouz a fait des études à l'Université du Caire, appelée alors Fouad Premier. C'est à l'âge de 17 ans qu'il a commencé à écrire ou plutôt à décrire ce qu'il ressentait. Ses premiers essais seront publiés dans les revues littéraires des années 1930. Sa licence en poche, il obtient un poste de fonctionnaire et se consacre à la réécriture romanesque de l'histoire de l'Egypte pharaonique. Ses premiers romans n'ayant pas obtenu le succès escompté, il renonce à ce projet et plonge dans l'histoire contemporaine. C'est ainsi qu'il commence à décrire les bouleversements sociaux de sa ville natale. Cette nouvelle façon d'écrire lui plaît et il commence à goûter au succès à partir de 1957 lorsqu'il publie le pavé de 1500 pages sous forme de trilogie. Tout le monde a en tête les trois romans «Impasse des Palais », «Le Palais du désir» et, enfin, «Le jardin du passé». Avec cette saga familiale doublée d'une fresque historique de l'Egypte de la révolution de 1919 aux dernières années de la monarchie, il sera enfin reconnu. Succèderont par la suite de multiples romans encore plus célèbres comme «Awled Haretna» en 1959 (qui sera jugé «blasphématoire» et interdit en Egypte par Al Azhar), «Dérives sur le Nil» en 1966, «Miramar» en 1967, «Récits de notre quartier» en 1975 et «La chanson des gueux» en 1977. Son talent sera reconnu par plusieurs intellectuels. Certains cinéastes tels Salah Abou Saif et Hassan Abou El Himam n'hésiteront pas à collaborer avec lui pour l'adaptation de quelques-uns de ses romans au cinéma et à la télévision. C'est le cas notamment de «Mlhamat Al Harafich» et «La chanson des gueux» adapté sous forme de feuilleton télévisé en plusieurs épisodes. Le succès et la renommée de Naguib Mahfouz de plus en plus grandissants dépasseront les frontières de l'Egypte. La preuve, il sera le premier et le seul écrivain arabe à recevoir une distinction des plus prestigieuses, «le prix Nobel de la littérature» en 1988. Il divisera le chèque de la Fondation Nobel en quatre parts égales : une pour sa femme, deux pour ses filles et la dernière en faveur du peuple palestinien. Néanmoins, le style direct et réaliste de cet écrivain a fait quelques mécontents dans le milieu islamiste en Egypte. En 1994, il sera la cible d'une tentative d'assassinat même si à travers ses écrits et sa pensée, Naguib Mahfouz a toujours prôné la tolérance et la modération. Cet incident qui se soldera par la paralysie de sa main droite ne l'empêchera cependant pas de continuer à écrire des œuvres vraiment hors pair. Condoléances Royales SM le Roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances au président égyptien, Mohamed Housni Moubarak, suite au décès de l'écrivain égyptien Naguib Mahfouz, mercredi à l'âge de 95 ans. Dans ce message, SM le Roi présente au président égyptien, et à travers lui, à la famille du défunt et au peuple égyptien ses vives condoléances et sa compassion pour la mort de l'une des figures emblématiques de l'Egypte qui s'est distinguée au niveau international par sa créativité, couronnant son riche parcours par l'obtention du prix Nobel de littérature. SM le Roi prie Dieu d'avoir le défunt en Sa sainte miséricorde et d'accorder à sa famille patience et réconfort.