Abdelkarim Benatiq exprime son pessimisme à propos du déroulement des prochaines élections législatives. Le secrétaire général du Parti travailliste nouvellement créé aspire, pourtant, à jouer un rôle majeur en 2007. ALM : Vous avez décidé de boycotter les élections du 8 septembre 2006. Pourquoi une telle démarche pour un nouveau parti ? Abdelkarim Benatiq : Nous avons plutôt décidé de ne pas participer et il y a une nuance. Notre décision découle de plusieurs raisons. D'abord, nous sommes un nouveau parti. Ensuite, pour des considérations éthiques, on ne peut pas demander à des grands électeurs porteurs d'autres couleurs politiques, de voter pour nos candidats. Il faut dire aussi que nous ne voulons pas reproduire les mêmes comportements qui ont fini, malheureusement, par transformer ces élections en un véritable commerce. Quel regard portez-vous sur ce que l'on pourrait qualifier de "commerce des accréditations" ? Il s'agit là d'un phénomène qui nuit à l'image de la politique au Maroc, discrédite la classe politique, décourage le citoyen de toute participation effective et ternit, malheureusement, l'image du pays à l'international. D'après les articles de presse, et je pense qu'ils sont fondés pour la plupart, on constate que la responsabilité de ces dérives incombe, en grande partie, à ces mêmes formations politiques de la majorité gouvernementale qui ont participé à l'élaboration du projet de Code électoral visant, à les en croire, à rationaliser le champ politique. Beaucoup de responsables de l'opposition fustigent une certaine passivité du gouvernement. Qu'en est-il au Parti travailliste ? L'Etat doit assumer sa responsabilité et il dispose de tous les moyens pour réprimer et faire face aux dérives et abus. Pour nous, il est temps que le citoyen commence à avoir confiance en la chose politique et en la mission d'encadrement qui doit être assumée par les partis. Quel devenir préconisez-vous pour la deuxième Chambre ? Etes-vous pour son abolition ? Cette Chambre a été instituée à une époque où le Maroc avait besoin d'un équilibre politique au niveau des institutions. Ce n'est plus le cas maintenant. Cette Chambre doit disparaître et le Conseil économique et social, prévu par la Constitution, doit remplir les missions qui lui sont dévolues. Ce conseil doit, en plus, être un espace de réflexion collective, un outil d'apprentissage du dialogue et de la concertation entre les différents acteurs socio-économiques et préparer la nation à réfléchir sur des problèmes autres que ceux qui relèvent de la politique quotidienne. Comment voyez-vous le scrutin de 2007 ? Malheureusement, je ne suis pas du tout optimiste. Je suis sceptique surtout quand on voit la mascarade qui est en train de se dérouler devant nos yeux. On ne peut pas changer le comportement des acteurs politiques dans un si court délai. Les partis politiques qui ont un poids historique et organisationnel doivent assumer leurs responsabilités et montrer aux citoyens que la politique, c'est d'abord des valeurs et non seulement une opération électorale qu'il faut réussir à tout prix, quitte à vendre son âme au diable. De quel apport pourraient être capables les petits partis de gauche comme celui que vous venez de créer ? Les observateurs et les experts en analyses politiques arrivent à faire la distinction entre un grand et un petit parti en se basant sur les résultats des urnes à l'issue de scrutins honnêtes et transparents. Nous, nous n'avons pas encore participé à de telles échéances. Tout ce qu'on sait, c'est qu'on a la volonté de jouer un rôle majeur et qu'on ne veut pas se contenter de faire de la figuration.