Pour détruire les photos pornographiques d'une étudiante de 19 ans, un ressortissant marocain en Italie, 40 ans, repris de justice, a réclamé 200 000 dirhams à la mère de la jeune fille. Mais au lieu d'empocher l'argent, il est tombé dans les filets de la police. «Les gens sincères sont aimés, mais trompés». Fatima se souvient avoir lu quelque part cette pensée d'un écrivain espagnol du 17e siècle. Mais, elle ne parvient pas à se rappeler son nom. Peu importe, car ce qui l'intéresse maintenant, est simplement de comprendre comment elle a pu aimer cet homme qui, finalement, l'a trompée. Toujours souriante et gaie, Fatima est la plus belle de ses amies. Issue d'une famille aisée, cette étudiante universitaire de dix-neuf ans ne s'est jamais retrouvée à court d'argent. La voiture dont elle dispose lui permet de se déplacer à sa guise et de jouir d'une douce liberté. Mais que vaut la liberté sans personne avec qui la partager ? Fatima est à la recherche de son beau chevalier. Alors elle fréquente avec assiduité, en compagnie d'un groupe d'amis, les meilleurs cafés casablancais. Conversations, plaisanteries et petits jeux de séduction deviennent son hobby préféré. Mais au fil des mois, rien de concret ne se déclenche. Et son cœur demeure vierge tel une page blanche. Jusqu'à ce jour fatal du mois de mai dernier, un jour qu'elle aura bien du mal à oublier, le jour où ce jeune homme a pénétré dans le café. Ce fut le premier coup de foudre de sa vie. Beau et élégant, il s'est installé à la table d'en face. Des regards suivis de sourires suffirent pour électriser le corps de Fatima et faire battre plus fort son cœur. Quand elle a quitté le café, le jeune homme l'a suivie comme son ombre. Jusqu'à ce que Fatima soit parvenue à sa voiture garée un peu plus loin du café. « Bonjour, je souhaite que vous m'accordiez quelques secondes pour vous dire quelques mots», lui chuchote-t-il avec une galanterie remarquable. Fatima jette un coup d'œil à sa montre. « Je suis en retard, ne m'en voulez pas. Mais revoyons-nous demain au café, si vous voulez ? » lui répond-elle innocemment. C'est ainsi qu'il y eut cette première rencontre, puis une deuxième et ainsi de suite. Fatima apprend que le jeune homme vit en Italie depuis quelques années. Mais, elle ignore qu'il est son aîné de vingt et un ans, qu'il est marié avec une Italienne et père de deux enfants, qu'il est repris de justice : il a purgé une première peine d'emprisonnement au Maroc pour coups et blessures à l'arme blanche et ensuite en Italie, pour des motifs tout aussi infamants. Dans de telles conditions, rien d'étonnant que la relation soi-disant amoureuse ne dure que quelques semaines, avant de s'évanouir en fumée. Ils étaient au café quand le ton de Farid s'est élevé. Il s'est énervé au point de la gifler sous les regards des clients. Fatima sort en courant du café, les yeux débordant de larmes. Farid ne l'a pas suivie. Elle monte dans sa voiture, démarre et s'en va au hasard. Quelques minutes plus tard, son téléphone portable sonne. C'est Farid qui est au bout du fil. « Je ne veux plus de toi…Laisse moi tranquille », lui lance-t-elle en gémissant et sans lui permettre de parler. Hors de lui, il la rappelle à nouveau. « Je ne te laisse pas, on doit se revoir demain », lui dit-il d'un ton sévère. Aussitôt, Fatima téléphone à son amie Latifa. Elle la supplie d'intervenir, de la protéger. « Je crains qu'il me violente une fois encore, je ne le croyais aussi cruel et violent», lui confie-t-elle en sanglotant. Le lendemain, ils se retrouvent donc tous les trois autour d'une table au café, Farid, Fatima et Latifa. Ils cherchent une solution raisonnable. Mais cela n'en prend pas le chemin. En effet, voila Farid qui perd tout contrôle de ses nerfs. Sous le regard horrifié de Latifa et des clients du café, il traîne Fatima par les cheveux pour la conduire vers sa voiture. Là, sous la menace d'une paire de ciseaux maniée comme un couteau il l'oblige à y monter. Il la conduit jusqu'à son appartement. Une fois à l'intérieur, il lui arrache ses vêtements et la viole sauvagement tout en la menaçant de faire usage de son arme. Après quoi, il la photographie à l'aide de son GSM puis transfère les photos sur son ordinateur portable. Et là, Fatima découvre qu'elle n'a pas fini de souffrir : « Si tu ne te montres pas soumise à mes désirs, la menace déclare Farid, je diffuserai ces photos sur Internet ! » Depuis, la voilà obligée de se soumettre à son bourreau. Jusqu'à ce jour où en compagnie d'une amie, Fatima déjeune au restaurant. Farid l'appelle au téléphone et Fatima, comme subjuguée, lui indique où elle est afin qu'il puisse la rejoindre. Après une brève conversation, il l'oblige de l'accompagner. Elle ne peut pas refuser. Surprise, son amie en reste bouche-bée surtout quand elle entend Fatima affirmer à sa mère, qui l'a appelée entre temps, être à la Faculté. L'amie de Fatima n'écoute alors que les devoirs de l'amitié et appelle la mère de son amie pour tout lui raconter. C'est ainsi que de retour chez elle, Fatima est bien forcée de répondre aux questions de sa mère et de tout lui avouer. La mère prend alors l'initiative de rencontrer Farid, pour s'entendre réclamer une rançon de 200 000 dirhams en échange des photos et de la promesse de ne pas les diffuser sur Internet. C'est ainsi que la mère de Fatima a décidé d'alerter la police, Farid a pu être mis hors d'état de nuire.