Elevé, lundi 21 août, au rang de Commandeur de l'Ordre du Wissam El Aârch, Mohamed Maradji doit tout à la photographie. L'histoire professionnelle de Mohamed Maradji commence avec celle du Maroc de feu SM Mohammed V. Mohamed Maradji a 17 ans. Cela fait un an que, son appareil photo à la main, il arpente les rues de Casablanca à la recherche d'images du quotidien. Mais la fièvre du Maroc indépendant sous la conduite de son Roi réintronisé le pousse à franchir le pas : il suit alors, de sa propre initiative, le Souverain dans ses périples à travers le Royaume et propose ses premières photos d'actualité à la presse nationale et internationale. Des témoins de l'époque racontent d'ailleurs qu'un jour, à l'aube de l'indépendance et alors qu'il devait embarquer sur un vol royal de retour au Maroc, Mohamed Maradji tarde à rejoindre l'avion. Renseignements pris, il s'avère que Maradji s'est attardé à faire l'acquisition d'une machine à coudre qu'il souhaitait ramener comme cadeau à sa mère. C'est alors que feu SM Mohammed V serait intervenu en faisant valoir que la piété filiale de M. Maradji valait bien que l'on retarde le décollage… Mohamed Maradji évolue désormais dans la cour des grands. Il ne tardera pas à confirmer sa vocation et son talent. Au Congo tout d'abord, à l'époque où feu Patrice Lumumba concentrait feux de l'actualité. Il y accompagne le contingent des Forces armées royales, dans le cadre de la mission de l'ONU dans ce pays. L'année suivante, qui voit l'Algérie accéder à l'indépendance, Mohamed Maradji est là. Il couvre les péripéties du départ de la communauté française, puis les premiers événements politiques de l'indépendance. On lui doit d'ailleurs les photos de la formation du premier gouvernement algérien dirigé par Ahmed Ben Bella. De retour au pays, il est temps pour lui de passer à une autre échelle. Il crée, à Casablanca, la première agence de photos de presse, l'APPM. Aussitôt sur la brèche, il s'impose comme le témoin incontournable de tous les événements marquants du pays. C'est ainsi qu'on lui doit, lors du tragique tremblement de terre d'Agadir, les photos de SM Mohammed V et de SAR le Prince héritier Moulay Hassan s'activant aux côtés des secouristes. Sous le règne de feu SM Hassan II commence pour Mohamed Maradji un long parcours de reportages, au Maroc et à l'étranger. Les conférences au sommet défilent sous ses objectifs, il témoignera de l'intervention des FAR au Sinaï et bien entendu de la glorieuse Marche verte. Mais de tous ses exploits professionnels, ce qui comble le plus Mohamed Maradji, c'est d'avoir servi trois Souverains avec le même zèle patriotique. A l'avènement de SM Mohammed VI, Maradji est encore présent sur le terrain. Reportages et expositions se succèdent, témoignant en images des accomplissements des sept dernières années. Marié et père de quatre enfants, Mohamed Maradji peut légitimement s'enorgueillir d'avoir ouvert la voie : celle d'un patriotisme de l'image, empreint de dynamisme et d'abnégation.