Interdit de prédication et de prosélytisme, le mouvement « Al Adl wal Ihssan » décide de renforcer son «combat» à l'intérieur des campus. Lors d'un récent conseil national, tenu à Salé, le staff dirigeant de son secteur estudiantin a révélé les grandes lignes d'une escalade programmée. Le secteur estudiantin d'«Al Adl wal Ihssan» a tenu, les 2 et 3 août à Salé, un conseil national sous la présidence du secrétaire général de son Cercle politique, Abdelwahed Moutawakil. Ont pris part à ce conseil, des activistes originaires de Rabat, Casablanca, Agadir, Marrakech, Settat, Béni Mellal, Tanger, Tétouan, Oujda, Meknès, Fès, Marrakech… Un rassemblement au grand complet, marqué également par la présence de Fathallah Arsalan, porte-parole du mouvement islamiste interdit. Lors de ce conseil, il a été d'abord question d'élire un nouveau dirigeant du secteur, soit Miloud Rahali, en remplacement de Lahcen Bennajeh, connu pour être un «dur» de l'activisme islamiste estudiantin. L'élection de ce nouveau dirigeant intervient alors que le mouvement se prépare à intensifier son action militante au sein de l'université. Dans un communiqué, publié le 5 août sur le site d'«Al Adl wal Ihssan», le secteur estudiantin de la «Jamaâ» a invité tous ses militants à se mobiliser pour contribuer à la création «d'un front uni» en perspective de la rentrée universitaire. Contacté par «ALM», Mohamed Moujahid, secrétaire général du Parti socialiste unifié, nous a indiqué que cette mesure «fait partie de l'escalade entamée par ce mouvement en début 2006». «Une escalade sans fondement», ajoute l'ex-dirigeant d'une section basiste de l'Union nationale des étudiants marocains (UNEM). Cette tendance à l'escalade résonne comme une riposte à la vague d'arrestations opérée en milieu d'année dans les rangs des étudiants «adlistes»; à preuve, le conseil a lancé, à travers son communiqué, un appel à ses activistes pour «revendiquer la libération immédiate» des étudiants islamistes arrêtés à Béni Mellal, El Jadida, Casablanca, entre autres villes. Selon le même communiqué, «la priorité devrait être accordée aux douze étudiants détenus à la prison Bourayez, à Fès». Pour information, six étudiants islamistes avaient été relâchés mercredi dernier par la Cour d'appel de Béni Mellal, après avoir été condamnés à une peine d'1 mois de prison ferme, assortie d'une amende de 500 dirhams. L'acquittement de ces six étudiants n'a toutefois pas calmé les ardeurs. En dénonçant les «pratiques lâches du Makhzen», lesdits étudiants s'en prennent farouchement au système éducatif du pays. «Nous enregistrons un échec cuisant de la réforme universitaire», font-ils constater. En contrepartie, les activistes islamistes devraient s'acquitter de leur devoir «de prédication» au sein de l'université. Un «appel» dénoncé par le responsable du PSU, conscient du danger que représente «l'exploitation de l'université à des fins politiques». «Le mouvement estudiantin progressiste est appelé à agir pour l'émergence d'une nouvelle organisation démocratique au sein de l'université», a-t-il plaidé. Avant d'affirmer : «Nous nous opposons à toute action politique susceptible de créer la fitna et, par conséquent, de mettre en danger la stabilité du pays», a-t-il clamé. Après son dernier bras de fer avec les autorités, lequel a eu pour conséquence l'annulation de ses «Portes ouvertes» et ses «conseils de prédication», Al Adl wal Ihssan ne compte pas rester les bras croisés. Un air de tension plane désormais sur les campus, où la Jamaâ de Cheïkh Yassine est déjà fort bien implantée. Simplement, le «programme» de ce mouvement pour la rentrée universitaire a, cette fois, peu de chances de réussir. Le démantèlement récent d'un réseau terroriste, «Jamaât Ansar El Mehdi», risque de compliquer sérieusement «l'œuvre de prédication» de la Jamaâ.