L'Union européenne s'apprêterait à revoir sa politique de voisinage (PEV). Les pays européens, non-membres de l'UE, devraient passer avant le Maroc et neuf autres pays du partenariat euro-méditerranéen. Angela Merkel plaide dans ce sens. Fin de la politique européenne qui a fait d'une dizaine de pays, dont le Maroc, moins que des membres, mais plus que des partenaires ? Tout pousse à le croire avec une initiative prêtée à la chancelière allemande Angela Merkel dont le pays assurera la présidence tournante de l'U.E dès janvier prochain. Selon le quotidien britannique "The Guardian", cette initiative viendrait mettre fin à une "confusion" qui veut qu'on réserve le même traitement à des pays européens et d'autres se trouvant sur d'autres continents. Cette initiative ferait partie, à en croire le même journal, d'un plan allemand pour revoir les relations de l'UE avec ses voisins et notamment ceux qui ne pourront jamais faire partie de l'Union. Cette initiative suscite déjà une controverse en Europe même. Charles Grant, directeur du Centre pour les réformes européennes, cité par le "Guardian" qualifie un tel scénario de «grave erreur». Pour cet expert, «les problèmes de l'Afrique du Nord sont tout aussi importants que ceux des pays d'Europe de l'Est». L'Allemagne, elle, serait pour la création d'un nouveau club pour regrouper les membres européens concernés par la Politique européenne de voisinage. Ce club pourrait inclure comme premier membre l'Ukraine, puis la Géorgie, l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Ces pays devraient être rejoints, après des réformes politiques et économiques en concertation avec Bruxelles, par la Moldavie et la Biélorussie. Un haut responsable du ministère allemand des Affaires étrangères a mieux explicité, officiellement, les plans de la chancelière Merkel en déclarant que «la PEV n'a pas été un succès». Rolf Welberts, qui s'exprimait à Yalta lors de la conférence annuelle de la stratégie européenne (faisant office de campagne pour l'adhésion de l'Ukraine à l'UE), déclare que «l'Ukraine ne doit pas être traitée de la même manière que le Maroc ou l'Algérie». Si le plan allemand arriverait à être adopté, une dizaine de pays verraient leurs relations avec l'UE reléguées à un "stade inférieur". Outre le Maroc, il s'agit de l'Algérie, de l'Egypte, d'Israël, de la Jordanie, du Liban, de la Syrie, de la Tunisie et de l'Autorité palestinienne. Pour les pays européens non-membres de l'U.E, on retrouve la Russie, l'Ukraine, le Belarus, la Moldavie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie. La politique européenne de voisinage (PEV), présentée par la Commission européenne dans un rapport de mai 2004, retient deux objectifs. Il s'agit tout d'abord de partager, avec les pays limitrophes, paix, stabilité et prospérité dans des conditions distinctes de l'adhésion à l'UE et de contribuer à la sécurité dans le voisinage de l'Union. La PEV retient également plusieurs plans d'actions basés sur un engagement conjoint pour la démocratie, la bonne gouvernance, le respect des droits de l'Homme, le développement durable...