Petite ville du sud du pays, Sidi Ifni est en ébullition depuis vendredi dernier. Une manifestation de jeunes a tourné à l'affrontement avec les forces de l'ordre. La crise à Sidi Ifni est montée d'un cran, lundi 3 juillet, avec le retranchement d'un groupe de jeunes manifestants dans le siège de la municipalité de la ville. Ici, l'ambiance est toujours tendue quelques jours après l'éclatement de la colère d'une partie des habitants. C'était vendredi 30 juin suite à une marche de ces derniers pour réclamer l'amélioration de leurs conditions de vie. Selon un communiqué de la province de Tiznit, relayé par la MAP, il s'agirait «d'un groupe d'adolescents encadrés par un pseudo "secrétariat local" qui s'est livré à des actes de vandalisme dans la ville de Sidi Ifni, endommageant des véhicules, saccageant les stands préparés pour le festival culturel et touristique annuel de la cité et défiant les agents de la sûreté nationale en service pour le maintien de l'ordre». En fait, ce n'est pas la première fois que Sidi Ifni est le théâtre de troubles de ce genre. Au mois d'août de l'année dernière, la ville a connu un grand mouvement de protestation, les manifestants revendiquant notamment de doter Sidi Ifni d'une préfecture, seul moyen à leurs yeux de régler les problèmes de marginalisation et d'enclavement dont souffre la population locale. Suite à cette colère, une délégation ministérielle s'était rendue sur place et a recueilli les doléances des habitants. Mais visiblement rien n'a été fait depuis lors. Sidi Ifni ne sera pas une préfecture. Et les problèmes touchant directement les habitants sont toujours posés même si le communiqué de la province de Tiznit indique que “plusieurs projets, arrêtés lors d'une série de réunions, ont été réalisés ou sont en cours“. Cité du sud du Maroc restée enclave espagnole jusqu'à 1969, située à une trentaine de kilomètres au sud de Mirleft, la ville, en état de délabrement avancé, ne manque pourtant pas de potentiel. Elle a besoin juste d'un travail de valorisation et de mise à niveau. À commencer par le port de pêche en ruine qui nécessite à coup sûr une action de modernisation et des attraits naturels ( une belle plage) qui ne demandent qu'à être valorisés par une infrastructure touristique digne de ce nom. En attendant un plan de développement conséquent, les jeunes languissent dans le chômage et le désespoir. Certains ont obtenu la nationalité espagnole grâce à une jurisprudence de la Cour suprême madrilène alors que d'autres rêvent toujours de lendemains qui chantent. Visiblement, le dialogue a du mal à s'engager entre les manifestants et les autorités pour tenter de résorber ce malaise social grandissant. Mais il fut un temps où, au lieu de charger systématiquement les manifestants, les Directions des affaires générales (DAG) agissaient avec professionalisme. Ils savaient non seulement anticiper sur des tensions sociales de ce type mais assumaient aussi avec habilité en cas de besoin leur rôle d'interlocuteurs en vue de négocier de bonnes sorties de crise. Dans le cas d'Ifni, il aurait fallu apporter un début de réponse à des revendications exprimées il y a une année déjà par les habitants de la ville.