Le cimetière Achouhada à Casablanca a abrité, vendredi 16 juin 2006, une cérémonie de recueillement à la mémoire des victimes des émeutes du 23 mars 1965. Parmi les 55 victimes, 21 restent à identifier par la commission de suivi des travaux de l'IER. Le cimetière Achouhada à Casablanca a abrité, vendredi 16 juin 2006, une cérémonie religieuse à la mémoire des victimes des événements sociaux du 23 mars 1965. Cette cérémonie, organisée par le Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH), a vu la participation des familles des victimes, des associations de défense des droits de l'Homme, de plusieurs ex-membres de l'IER (Instance Equité et Réconciliation), mais aussi des autorités locales de la métropole. Cette cérémonie de recueillement intervient dans le cadre de la concrétisation des recommandations de l'IER qui insistent sur cette forme de réhabilitation communautaire et notamment pour permettre aux familles des victimes des graves violations du passé de faire leur deuil. Le CCDH a révélé à cette occasion que la commission de suivi des travaux de l'IER allait continuer à mener ses investigations pour identifier une vingtaine de victimes des émeutes urbaines de 1965. En effet, sur les 55 victimes de ces émeutes, nombre définitif arrêté par l'IER, 35 seulement ont été identifiées grâce à la collaboration des familles, mais aussi des services concernés et de témoins de l'époque des faits. Des investigations de l'IER, il ressort que les personnes décédées ont fait les frais d'un "usage disproportionné de la force publique" et que parmi les victimes se trouvaient des enfants dont une fillette de quatre ans. L'IER, à l'issue de son mandat, a conclu au décès de 31 personnes par balles et sur le champ et ce en se basant sur le registre des décès de la morgue de Dar Bouazza et celui des services de l'hôpital Ibn Rochd. Dans ce dernier établissement, entre autres, 15 personnes succomberont à leurs blessures. Selon l'IER, la majorité des victimes présentaient des blessures par balles au crâne, à la cage thoracique et au ventre alors que la dignité des morts n'aura pas été respectée lors de l'acheminement des victimes vers les morgues et les hôpitaux de la métropole. Selon les mêmes conclusions, seuls cinq victimes avaient pu être enterrées par leurs familles (au cimetière de Sbata), alors que les cinquante autres ont été inhumées de nuit par les autorités. A l'époque, un bilan officiel avait fait état de sept morts, 168 arrestations et quelque 60 blessés parmi les rangs des forces de l'ordre. Les émeutes du 23 mars 1965 à Casablanca avaient pour origine des manifestations contre la décision du ministre de l'Education, à l'époque, d'orienter les élèves qui n'obtiennent pas leur certificat d'études primaires à moins de 16 ans vers des filières de formation professionnelle et technique. Une première manifestation, le 22 mars 1965, est dispersée par les forces de l'ordre sans heurts notoires. Le lendemain, une autre manifestation dégénère en affrontements avec les forces de l'ordre et en actes de pillage dans plusieurs quartiers de Casablanca. Les forces de l'ordre recourront alors à l'usage des balles réelles pour rétablir le calme.