Pour Raphaël Martiniti, président de la fédération internationale des luttes associées, la lutte en Afrique représente d'énormes potentialités qu'il faut exploiter pour que le continent trouve sa place parmi les grands. ALM : Pouvez-vous nous parler des projets entamés pour le développement et la vulgarisation de la lutte en Afrique ? Raphaël Martiniti : Nous avons adopté un programme spécial de développement pour la lutte en Afrique. On a créé des centres d'entraînement et de perfectionnement pour les lutteurs, il y a deux centres pour les hommes et un centre pour les dames qui aura lieu à Tunis. De ce fait, les lutteurs et les lutteuses, qui sont dépistés dans les différentes zones, sont renvoyés dans ces centres pour être pris en charge en partie par la FILA et par la solidarité olympique. L'objectif est de pouvoir qualifier pour les jeux olympiques en tous les cas un minimum d'une trentaine de lutteurs d'Afrique. En tant qu'expert dans le domaine de la lutte, ou positionnez-vous l'Afrique à l'échelon mondial ? La lutte africaine a le potentiel humain le plus important de tous les continents. Malheureusement, ce potentiel humain est sous-exploité à cause de manque de moyens financiers, mais aussi à cause de différents problèmes de transport qu'il y a entre les pays. Dans ce contexte, la FILA va essayer modestement de pouvoir dissoudre ces problèmes. Et j'espère que l'Afrique doit devenir à mon avis le continent qui peut prendre la place derrière l'Europe prochainement. Avez-vous l'intention de créer d'autres centres en Afrique ? L'idée serait de créer en Afrique un centre dans chaque zone. On va essayer de réaliser ce projet dans un délai de trois ou quatre ans afin que les lutteurs africains puissent se présenter en bonne forme pour les jeux de Londres. Comment voyez-vous le niveau technique de cette 25ème édition ? Je pense que le niveau technique s'améliore d'année en année. J'ai toujours suivi de très près l'évolution de la lutte africaine et je peux vous confirmer que le niveau est sur la pente ascendante. Pour cette année, il y a par exemple les filles de l'Afrique du Sud qui étaient surprenantes, les lutteuses du Nigeria qui se sont éclipsées pendant une longue durée sont revenues en force. Ceci étant dit, le travail entrepris avec l'Afrique commence à apporter ses fruits. Pour le plaisir des spectateurs, le règlement de la lutte a été modifié à maintes reprises. Je pense que la nouvelle réglementation adoptée au congrès d'Athènes a sauvé la lutte. La réglementation de la lutte est devenue plus simple pour les lutteurs, les spectateurs et les arbitres. Le temps de la complexité de la réglementation de la lutte est donc révolu. Quelle est la part de la lutte africaine dans les bourses de la solidarité olympique ? L'Afrique se taille la part du lion dans la bourse de la solidarité olympique. Je pense si on fait les statistiques, on remarquera que plus de la moitié des bourses est attribuée au continent africain. Pour moi, je ne trouve pas cela gênant et je pense qu'on doit encore accentuer nos efforts sur l'Afrique afin d'utiliser tout le potentiel lutte qui existe en Afrique. Il y a beaucoup de pays qui ont des luttes traditionnelles qu'il faut convertir en beach wrestling ou en lutte olympique et je pense si on arrive à faire cette conversion dans quelques années la lutte va encore remonter. Est-ce que le sambo va réintégrer la famille de la lutte ? Nous avons reçu beaucoup de demandes de la part de plusieurs fédérations, notamment du Maroc pour réintégrer le sambo au sein de la famille de la lutte parce que le sambo en réalité est un style de lutte. Nous avons essayé de contacter les concernés car, en fait, il existe cinq fédérations internationales de sambo, deux ou trois sont venues avec nous, il reste une fédération qui veut faire son chemin indépendant, nous avons donné un délai de deux années pour essayer de réintégrer le sambo au sein de la FILA. Si on y arrive, on pourra conserver le sambo chez nous, autrement, ma foi, le sambo va mourir de sa belle mort. • Propos recueillis à Prétoria