Dans un livre, paru récemment, Andrew Jennings, un journaliste britannique, révèle au grand jour les pratiques douteuses de la FIFA. Il accuse les patrons du football mondial notamment de corruption. Le Mondial s'annonce déjà mal pour Joseph Blatter. À quelques semaines de la Coupe du monde, une tempête menace sa forteresse qui risque de s'écrouler tel un château de cartes. Le journaliste d'investigation britannique, Andrew Jennings, vient de publier un livre dont le titre en dit long sur les pratiques douteuses de l'institution internationale dirigée par le tout-puissant Blatter : « Carton Rouge ! Les dessous troublants de la FIFA ». Dès sa sortie en Angleterre puis en France, ce nouveau pamphlet de l'auteur de « La Face cachée des Jeux olympiques », a fait l'effet d'une bombe. Un véritable « tsunami » qui risque d'emporter dans son courant l'empire de Blatter. Ce livre est tellement embarrassant pour la Fédération internationale de football (FIFA) qu'elle a essayé d'interdire sa publication. Son président, qui continue de nier les allégations du journaliste, a toutefois réussi à empêcher le livre de paraître en Suisse, mais pas en Angleterre, en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas ou encore en France. « Un tribunal de Zurich a interdit mon livre en Suisse la semaine dernière alors qu'il ne l'avait pas vu. D'ailleurs, Blatter non plus ne l'a pas lu», a déclaré Andrew Jennings au quotidien français "Libération". « Comment peut-on interdire un livre qu'on n'a pas eu entre les mains ?», s'est-il interrogé. Et d'ajouter : « Cela fait neuf mois que je retravaille le texte. Sur les conseils d'un cabinet d'avocats, j'ai dû supprimer pas mal de choses... Mais ce n'est peut-être pas non plus un hasard si aucune maison d'édition en langue allemande n'a accepté de le traduire ». Pourquoi la FIFA voulait-elle interdire un ouvrage avant même qu'il soit publié ? Que contient-il de si embarrassant pour que l'une des institutions sportives les plus puissantes dans le monde intente un procès avant sa publication ? De quoi aurait peur Joseph Blatter ? Le livre d'Andrew Jennings serait-il une torpille dans le navire de la FIFA ? Ce livre de 462 pages, qui commence déjà à alimenter les colonnes de presse internationale, parle en effet de pratiques douteuses de la FIFA et de l'International Sport Leisure (ISL), une société chargée par la Fédération de gérer les droits télévisés et de sponsoring de la Coupe du monde. L'auteur, qui a enquêté quatre ans sur les coulisses de l'instance dirigeante du football mondial, accuse, entre autres, les patrons du football mondial d'avoir recours à la corruption, d'avoir truqué les élections internes du président de la Fédération, notamment en 1998 et 2002 et d'avoir détourné une partie de l'argent des billets de la Coupe du monde disputée en France. Le journaliste vise plus particulièrement l'ISL, créée par Horst Dassler, patron d'Adidas, dont le protégé n'était autre que le fameux Joseph Blatter. ISL aurait arrosé les pontes de la FIFA pendant des années. Selon l'auteur, 1 million de francs suisses (environ 650 000 euros) auraient ainsi atterri mystérieusement sur les comptes de la FIFA, avant d'être discrètement transférés sur un compte particulier d'un haut responsable du football, en guise de "remerciement" ! Ce n'est pas tout. Dans "Foul", ("faute", le titre original), Andrew Jennings parle aussi de détournement de fonds. Il s'agit d'énormes sommes d'argent qui seraient volatilisées. Selon lui, 60 autres millions d'euros, versés par la chaîne brésilienne TV Globo pour l'acquisition des droits des Coupes du monde 2002 et 2006, ne seraient jamais versés sur les comptes de la FIFA. L'argent aurait servi à renflouer les caisses d'ISL, alors en faillite. Joseph Blatter aurait, d'après l'auteur, fermé les yeux sur le détournement. Aujourd'hui, nul ne peut contester le fait que la FIFA est devenue une organisation gigantesque, chapeautant pas moins de 207 fédérations nationales et ne souffrant d'aucun contre-pouvoir. Revenant sur la réélection du "Dieu" de la FIFA en 2002 et sur la défaite d'Issa Hayatou, le président de la Confédération africaine, qui s'etait présenté alors comme le candidat du changement, Andrew Jennings affirme que ce dernier s'est heurté de plein fouet aux magouilles présumées du Suisse. Si les accusations d'Andrew Jennings s'avèrent justes, cela signifierait-il la fin du règne de Joseph Blatter ? Une chose reste sûre, il est urgent que la FIFA procède à un assainissement de ses instances dirigeantes et mette fin à l'autocratie d'un dirigeant rompu aux jeux troubles.