Près de cinquante ans après sa mise en place, la politique éducative au Maroc n'a pas pu réaliser ses objectifs. Diagnostic. Qui a dit qu'il n'y a pas d'emploi au Maroc ? Bien sûr, vous allez citer, à l'appui de votre thèse, la «tragédie» des diplômés-chômeurs, leurs nombreux sit-in devant le Parlement, devenus un «spectacle» quasi quotidien. On peut s'apitoyer comme on veut sur le «sort» de ces «malheureux» qui ont passé leur vie à faire des «études», en vain. Le problème n'est pourtant pas là où on croit le voir. Au-delà de la simple revendication de travail, les protestations de ces diplômés sont aussi et surtout l'expression de l'échec de la politique éducative dans notre pays. Tracée dès l'Indépendance, c'est-à-dire depuis près de 50 ans, cette politique n'a pas pris en compte la question de l'adéquation entre la formation dispensée et le marché de l'emploi. Plus clairement, cette politique se réduisait, ni plus ni moins, à ce schéma classique: le bourrage des crânes. La «méthode», on la connaît : prenez vos cours, apprenez-les par cœur, et vous obtiendrez votre diplôme (la peau d'âne). Résultat : nous avons, aujourd'hui au Maroc, plus de boîtes à connaissances que de boîtes à idées. Emprisonnés par cette «méthode» archaïque, élevée au rang de «politique éducative», les élèves, et autres étudiants se sont contentés de gaver leur cortex, à coups de concepts généraux éculés et trop souvent mal assimilés, ce qui ne leur a pas permis de développer leur sens d'observation, d'analyse et de critique : trois vertus exigées pour avoir accès au marché de l'emploi. Si on devrait ajouter à cela l'hermétisme des endroits d'enseignement (écoles, collèges, lycées et facultés), devenus des espaces-prison, en rupture totale avec leur environnement socio-économique, on imagine à peine si l'expression «intégration à la vie active », -dont les «théoriciens de la faillite scolaire» aiment encore à se gargariser, a encore un sens dans notre pays. En tout cas, toujours est-il que les «résultats» contredisent les discours qui, faut-il en douter, n'ont plus de prise sur une réalité qui va de mal en pis. S'agissant des résultats justement, et pour rester dans la sphère des «diplômés-chômeurs», il y a un fait qui peut nous «édifier» sur le niveau lamentable de ce que l'on peut appeler les «sacrifiés» de la «politique éducative» : un simple communiqué adressé à la presse, au nom des doctorants-chômeurs, annonçant la tenue d'un sit-in devant la célèbre assemblée nationale, était truffé de fautes d'orthographe. Que dire du reste ? Rien. A part, tout simplement, que ces bévues (linguistiques) révèlent le niveau désastreux de l'enseignement au Maroc. Une calamité qui n'avait pourtant pas lieu d'être, sachant bien que le budget alloué au département de l'Education nationale reste le plus important : plus de 7,4 milliards de dirhams. Un chiffre qui, en témoignant de l'intérêt indéniable que l'Etat attache à la question éducative, n'est pas justifié au regard des médiocres résultats réalisés.