Karachi a été secouée par le pire attentat commis dans le pays depuis près de 20 ans. L'armée et la police pakistanaises ont été aussitôt placées en état d'alerte. Mardi sanglant au Pakistan après qu'un kamikaze s'est fait exploser lors d'une cérémonie religieuse à Karachi, faisant 57 morts. Le pire attentat à la bombe commis dans le pays depuis près de 20 ans. Hier, l'armée et la police pakistanaises ont été placées en état d'alerte à Karachi, la mégalopole du sud du Pakistan. L'attentat est le plus meurtrier jamais recensé à Karachi, ville pourtant marquée par des violences intercommunautaires, fief d'organisations dénonçant le soutien apporté par le président Pervez Musharraf à la «guerre contre le terrorisme» déclenchée par les Etats-Unis. «Le bilan mortel s'est alourdi à 57 et l'on signale quelques personnes toujours portées disparues. Selon les premiers éléments de l'enquête, deux kamikazes sont impliqués dans l'attentat. Nous avons retrouvé des parties de corps, notamment les têtes, des agresseurs présumés,» a déclaré aux médias, Salahuddin Haider, porte-parole du gouvernement provincial. L'attentat s'est produit alors que des fidèles d'une organisation sunnite, le Jamaat-e-Ahle Sunnat, étaient rassemblés à l'occasion de l'anniversaire de la naissance du prophète Sidna Mahommed. Parmi les victimes figurent plusieurs dirigeants bien connus dans la région du Jamaat-e-Ahle Sunnat, qui réunit des centaines de milliers de fidèles. Alors que s'organisaient les funérailles des victimes, et notamment celles des leaders musulmans sunnites tués par l'explosion, la police tentait d'identifier le présumé kamikaze qui s'est fait exploser près de l'estrade où siégeaient les leaders. Trois stations-service et des dizaines de véhicules ont été incendiés dans les heures qui ont suivi l'attentat par la foule en colère. Les écoles et de nombreux magasins ont fermé mercredi, alors que Karachi se préparait à trois jours de deuil officiel. Selon le chef de la police criminelle de Karachi, Mansoor Mughal, il n'y avait apparemment qu'un seul kamikaze, alors que le porte-parole provincial avait évoqué la possibilité de deux agresseurs suicide. «Nous soupçonnons qu'il n'y avait qu'un kamikaze, dont nous essayons d'identifier la tête. Il avait une barbe. Personne n'est venu réclamer son corps», a assuré Mansoor Mughal. Les violences entre sunnites (75% des 150 millions de Pakistanais, musulmans à 97%) et chiites ont fait plus de 4.000 morts depuis le début des années 90 au Pakistan, notamment à Karachi, où les violences en tous genres sont endémiques. Plusieurs groupes extrémistes sunnites sont spécialisés dans les violences contre les chiites et, selon les autorités, entretiennent des relations mouvantes avec le réseau Al-Qaïda. Mais le mouvement Tehrik Ahle Sunna, cible de l'attentat, entretient également des relations conflictuelles avec divers groupes politiques laïcs et des groupes sunnites radicaux pro-Talibans. Quelque 25 responsables du Tehrik Ahle Sunna ont été tués depuis le début de l'année 2005. Son précédent président, Salim Qadri, et quatre de ses proches avaient été abattus par balles à Karachi en 2001. L'attentat de mardi est le pire au Pakistan depuis qu'une double explosion qui avait tué 70 personnes en 1987 à Karachi. Les autorités en avaient alors accusé des agents afghans.