Les officiels algériens ont annoncé qu'ils ne prendront pas part à la conférence euro-africaine au Maroc sur l'immigration. L'Algérie est décidée à perturber cet événement en faisant campagne pour l'organisation d'une réunion similaire à Tripoli. A qui profitent les gesticulations des officiels algériens concernant le partenariat Afrique-Europe en matière d'immigration ? Sûrement pas à tout un continent se trouvant face à d'énormes problèmes à résoudre avec la coopération des pays concernés par cette problématique de l'autre rive. Pour l'Algérie, le "problème" n'est autre que le Maroc. Finalité recherchée : écarter le Royaume de tous les rendez-vous programmés et éviter surtout que ce dernier abrite des rendez-vous décisifs en la matière sur son territoire. C'est ce que recherchent les officiels algériens en menant une campagne pour dissuader plusieurs pays africains d'être présents à la Conférence euro-africaine sur l'immigration qui se tiendra en juillet prochain au Maroc, mais en essayant également d'exercer des pressions sur les pays européens partenaires du Maroc comme la France et l'Espagne. La semaine dernière, Alger abritait une rencontre sur la question au niveau de l'UA (Union africaine). C'était le moment choisi par Abdelkader Messahel, ministre chargé des Affaires maghrébines et africaines, pour annoncer que son pays ne sera pas présent à la conférence de juillet prochain. Ce responsable algérien allait par la suite multiplier les contacts avec ses homologues africains, mais aussi leurs chancelleries à Alger, pour appeler à suivre la même voie. La même "offre" aurait été à Philippe Douste-Blazy, ministre de la diplomatie française dont le pays se voit reprocher d'être "conciliant" avec le Maroc. Le "raisonnement" des responsables algériens est que l'UA est, comme cadre, la plus habilitée pour des discussions avec l'Europe. L'"alternative" proposée par Alger est la tenue, les 5 et 6 juin 2006, d'une conférence à Tripoli entre les ministres européens des Affaires étrangères et leurs homologues des pays membres de l'UA. Autrement dit sans le Maroc. La position de l'Algérie ne va pas sans embarras pour les partenaires européens et notamment la France et l'Espagne dont le ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a été l'un des premiers à annoncer la tenue de la conférence euro-africaine au Maroc. Les pays européens, pour plusieurs raisons, présentent le Maroc comme le pays le plus indiqué pour tenir une telle conférence. La conviction de ces derniers est également que rien ne peut être mené à bon port sans une implication du Maroc, porte de l'Afrique sur l'Europe et pays qui a subi, de plein fouet, les conséquences des flux migratoires. La semaine dernière, le séminaire d'Alger a clôturé ses travaux avec l'adoption d'un document de travail de 18 points pour faire face à l'immigration clandestine. L'Espagne, se trouve face à un nouveau dilemme avec les flux d'immigrants qui partent de Mauritanie pour rejoindre les îles Canaries. Les autorités de Madrid, dans l'impossibilité de refouler des milliers de personnes dans les délais réglementaires (40 jours), vont se trouver dans l'obligation de les remettre en liberté sur le sol espagnol. L'automne dernier, les villes de Sebta et Melilla avaient été prises d'assaut pas des milliers de clandestins subsahariens. A l'époque, l'Algérie a été montrée du doigt, et pas uniquement par le Maroc, pour l'insuffisance des contrôles de ses frontières. Aujourd'hui, Alger "se rattrape" en faisant tout pour éviter que le Maroc remplisse son rôle sur cette rive de la Méditerranée pour aider à la résolution d'une problématique qui concerne tout un continent.