Dans une déclaration à la presse, le chef de la diplomatie espagnole a indiqué que la non-participation algérienne à la Conférence euro-africaine de Rabat n'a aucune importance. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a minimisé, hier, dans une déclaration à l'agence espagnole Europa Press, le boycott par l'Algérie de la Conférence euro-africaine sur la migration et le développement dont les travaux se tiendront à Rabat les 10 et 11 juillet prochain. M. Moratinos, qui se trouvait, hier à Nouakchott pour s'entretenir avec les autorités mauritaniennes entre autres de la préparation de la rencontre de Rabat, a indiqué que l'absence de l'Algérie n'aura pas d'incidence sur ses travaux ou les décisions qui s'en dégageront. «Les Algériens savent bien qu'ils sont invités. Je crois que leur non-participation n'a pas une grande importance. Le plus important c'est le nombre significatif de pays d'origine, de transit et de destination qui participent», a indiqué M. Moratinos. Cette prise de position officielle de la diplomatie espagnole sur le boycott algérien -la première depuis la décision d'Alger de ne pas participer- est très significative car elle reflète, non seulement, le point de vue espagnol, mais la réprobation de la décision algérienne par les pays européens. Une trentaine de pays européens et 27 pays africains participent à cette première rencontre internationale sur le phénomène de la migration. Seule l'Algérie a décidé de “sécher“ l'événement. Une attitude que le pouvoir algérien a du mal à justifier. Certaines déclarations de responsables algériens invoquent la nécessité de l'implication de l'Union africaine (UA) dans la co-organisation de l'événement avec les pays européens. Une tentative de justification qui n'a convaincu personne. Nul n'ignore en fait que l'Algérie a décidé de ne pas participer à la réunion euro-africaine pour une simple raison à savoir qu'elle sera organisée au Maroc et sur initiative du Royaume. Une raison évidente à laquelle le ministre espagnol des Affaires étrangères a fait allusion avec son habileté diplomatique habituelle. «Depuis le début, nous leur (NDLR, les autorités algériennes) avons donné l'opportunité de faire partie du Comité directeur. Pour diverses raisons que nous pouvons imaginer, elles ont décliné cette offre et ce sont elles qui doivent répondre de leur refus de participer à la conférence euro-africaine», a dit M. Moratinos. Il fau rappeler que le gouvernement espagnol et son homologue français ont tenté à maintes reprises de convaincre les Algériens de revenir sur leur décision. En vain. La dernière tentative remonte au 18 avril lorsque le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, s'est entretenu avec le chef de l'Etat algérien, Abdelaziz Bouteflika, à Séville en marge de la cérémonie de commémoration du 600ème anniversaire de la disparition du penseur Ibn Khaldoun. Les autorités espagnoles sont allées jusqu'à offrir à l'Algérie de faire partie du comité directeur de la rencontre. Une proposition qui a été, elle aussi, refusée. Devant cette attitude négative qui n'est pas digne d'un Etat qui rêve de jouer un rôle de leadership dans la région maghrébine, une réaction aussi ferme que celle du ministre espagnol des Affaires étrangères reste la meilleure réponse. Pour M. Moratinos, que l'Algérie participe ou pas à la réunion, cela ne changera rien à la situation. Une telle réaction est pour le moins incohérente avec le statut d'un Etat qui se voit toujours comme une puissance régionale. En vérité, on ne grandit jamais en pratiquant la seule politique de la chaise vide ou de l'autruche.