La Libye est en train d'envoyer des signaux forts en ce qui concerne la question du Sahara marocain. Tripoli, qui assume la présidence de l'UMA depuis la dernière réunion d'Alger, pourrait jouer un rôle de médiateur entre Rabat et Alger sur ce conflit artificiel qui entrave le développement de l'Union maghrébine. Depuis la dernière réunion des ministres maghrébins des Affaires étrangères à Alger et l'annulation en dernière minute du sommet qui devait réunir les chefs d'Etat des cinq pays de l'Union du Maghreb Arabe, la Libye, qui assume la présidence de cette organisation, semble vouloir prendre l'initiative de rapprocher les points de vue des parties concernées par le conflit artificiel du Sahara. Dès son accession à cette présidence, Tripoli a annoncé vouloir participer à trouver une solution à la question du Sahara qui constitue le principal obstacle à l'épanouissement de l'Union maghrébine. Dans son édition du lundi, le principal quotidien arabophone de la Jamahyria libyenne, "Azzahf Al Akhdar" a indiqué que les pays arabes n'ont plus besoin de l'émergence de nouvelles micro-entités qui viendront s'ajouter aux Etats existants, déjà affaiblis. Le journal libyen, qui est édité par le Mouvement des Comités Révolutionnaires, faisait ainsi référence à la fantomatique république sahraouie créée de toutes pièces par le voisin algérien afin de faire obstacle à l'intégrité territoriale marocaine. Azzahf Al Akhadar estime qu'il s'agit du principal obstacle qui empêche l'édification de l'UMA. Le quotidien, qui reflète la position officielle du pouvoir politique en Libye, estime que ces entraves peuvent être levées par le développement des relations interarabes dans le cadre d'un ensemble fort et uni, à travers des actions d'intégration. Critiquant l'incapacité des pays membres de l'UMA à trouver une solution rapide à ce conflit sans recourir à l'intervention étrangère, la publication libyenne considère que "la question du Sahara qui donne de sérieux soucis aux membres fondateurs de l'UMA, tel un virus que l'on ne saurait anéantir que par le recours aux mécanismes de l'intervention étrangère". Pour le quotidien de la Révolution libyenne, les pays maghrébins doivent transcender les obstacles qui se dressent devant l'édification maghrébine "au moyen du dialogue sérieux et sans préjugés". Azzahf Al Akhadar s'est aussi interrogé sur l'incapacité des pays arabes à parvenir à s'entendre "au sujet de dunes de sable dépourvues de conditions de vie les plus élémentaires" et appelle ainsi à une meilleure solidarité entre les pays arabes pour qu'ils puissent se prémunir contre tout danger. Estimant que le conflit artificiel du Sahara n'est qu'un différend marginal, Azzahf Al Akhadar s'est demandé si cet obstacle l'emportera sur "la concrétisation d'une Union maghrébine sans frontières politiques et ce, à l'instar de l'Union européenne ou de l'Union africaine". Le quotidien, porte-parole du pouvoir libyen, avait souligné, dans une édition antérieure, que "la question du Sahara constitue la véritable entrave à l'édification de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) et ce, à cause du différend chronique entre l'Algérie et le Maroc" sur cette question. Rappelons que le Guide de la Révolution libyenne, Mouammar Kadhafi, qui assume actuellement la présidence de l'UMA avait annoncé que la question du Sahara est, actuellement, l'un des sujets prioritaires qui marqueront sa politique à la tête de l'Organisation maghrébine. L'ensemble de ces signaux lancés par le pouvoir libyen sur l'affaire du Sahara marocain signifient que Tripoli s'apprête à jouer un rôle médiateur dans ce conflit artificiel afin de rapprocher les points de vue entre le Maroc et l'Algérie.