Lors d'une rencontre tenue au siège du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, le ministre de la Communication et le ministre délégué aux Affaires étrangères ont informé l'ambassadeur américain de l'illégalité de l'offre de subvention aux médias nationaux. La MEPI (Middle East partnership initiative), initiative de l'Administration américaine pour la presse "indépendante" dans le monde arabe, coince au Maroc. C'est ce qui ressort d'une réunion de travail tenue lundi 20 mars 2006 au siège du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération entre deux membres du gouvernement marocain et l'ambassadeur US à Rabat. Selon une source informée, le ministre de la Communication, Nabil Benabdallah et le ministre délégué aux Affaires étrangères, Taïb Fassi Fihri, ont tenu une réunion avec le chef de la mission américaine à Rabat, Thomas Riley, pour l'informer que l'"offre américaine" était en contradiction avec les lois marocaines et notamment l'article 20 du Code de la presse qui interdit aux médias nationaux d'accepter des subventions directes ou indirectes de l'étranger. "Le Maroc est tout à fait dans le droit fil des réformes initiées de l'intérieur pour, à la fois, moderniser les entreprises de presse nationales et élargir le champ de la liberté. Le Maroc ne s'est soumis à aucune pression étrangère, depuis des années, pour mettre en place de grandes mesures dont le contrat-programme qui est une initiative publique en concertation avec les éditeurs, le SNPM et les professionnels", indique une source proche du dossier avant d'ajouter qu'une "aide conséquente est octroyée à tout le monde à condition de remplir certains critères". C'est en vertu de toutes ces considérations qu'il aura été signifié à l'ambassadeur américain de revoir les modalités de l'"offre" US de manière à ne pas être en contradiction avec la loi marocaine. Selon nos sources, la même position de principe avait été formulée par la FMEJ (Fédération marocaine des éditeurs de journaux) et le SNPM (Syndicat national de la presse marocaine). Les griefs de ce dernier ont été plus acerbes car, à en croire les responsables du syndicat de la presse, ce programme ferait partie d'un "plan d'action" à travers lequel l'Administration Bush chercherait à manipuler la presse arabe sous couvert de "liberté d'expression et de renforcement de la démocratie". Contacté par ALM, le service de presse de l'ambassade américaine à Rabat s'est refusé à tout commentaire et sur la MEPI et sur la réunion de lundi dernier de Thomas Riley avec les deux responsables marocains. Dotée de 5 millions de dollars, l'initiative présidentielle américaine s'adresse à la presse "indépendante" des pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient avec un financement, par projet et sur deux ans, qui varie entre 100.000 et un million de dollars US. La date limite pour le dépôt des dossiers a été fixée au 31 mars 2006. Un certain "argumentaire", largement véhiculé par les Américains, affirme que la subvention de l'Etat n'a concerné que la "presse officielle" et la presse partisane. "Ce qui est totalement faux !", rétorque une source au ministère de la Communication qui affirme que toutes les entreprises de presse nationales sont éligibles à cette subvention selon les critères retenus pour l'exécution du contrat-programme. "Les Américains en sont tout aussi conscients", conclut notre source. Affaire close ?