Prévue pour le 21 mars à Bruxelles, la réunion du premier Conseil d'association entre l'Union européenne et l'Algérie a été reportée sine die. Alger devrait d'abord rendre des comptes pour les «graves atteintes aux droits de l'Homme». Un revers cinglant pour les autorités d'Alger. La réunion du premier Conseil d'association entre l'UE et l'Algérie est renvoyée aux calendes grecques. Sur cette décision, annoncée vendredi à Bruxelles par un porte-parole de la Commission européenne, il n'y a point de mystère. En matière des droits de l'Homme, Alger a «réussi» le plus retentissant fiasco dans l'histoire des ratages. Le «projet d'amnistie», proposé par le président Bouteflika, s'est avéré être une «grosse supercherie». C'est ce que pensent les victimes de l'autoritarisme érigé en « mode de gouvernance », sans oublier les nombreuses organisations des droits de l'Homme internationales. Amnesty International (AI), la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et Human Rights Watch, pour ne citer que ces ONG très influentes, étaient montées jeudi dernier au créneau, à quelques jours de la tenue de la réunion du premier Conseil d'association entre l'UE et l'Algérie, en vue de demander des comptes à l'Algérie pour «les graves atteintes aux droits humains commises dans le pays». Au-delà du fameux «projet d'amnistie», une «opération de marketing politique» très discutable, il y a aussi ce grave manquement au respect de la liberté d'expression. Comme le montre ce long et néanmoins terrible chapitre des exactions commises sur les journalistes. Dix-huit journalistes risquent aujourd'hui de rejoindre le directeur du «Matin», Mohamed Benchikou, incarcéré depuis juin 2004 dans la prison d'El-Harrach (Alger). Sourdes aux «appels» des ONG internationales, dont Reporters sans Frontières (RSF), qui avait saisi le président du Parlement européen, Josep Borrell Fontelles, à la veille de sa visite en Algérie le 8 mars 2006, sur le sort critique que vivent nos confrères du côté d'Alger, les barons du régime algérien continuent de «casser du journaliste». Le dernier «cas» en date concerne le caricaturiste Ali Dilem qui a été condamné le 11 février 2006, à une année de prison assortie d'une amende de l'ordre de 50.000 dinars. Motif invoqué ? Les autorités d'Alger reprennent les mêmes et recommencent : «outrage au président de la République». Ce n'est pas un hasard si les poursuites judiciaires engagées contre les journalistes algériens ont battu tous les records sous le règne du président Bouteflika. Le report sine die de la réunion du 1er Conseil d'association entre l'UE et l'Algérie se veut ainsi une «mise au point énergique» lancée au régime de Bouteflika: la «coopération économique» avec l'UE ne peut se faire en aucun cas sur le «dos» du respect exigé des droits de l'Homme. Sur le dossier économique, la prestation algérienne est également très peu reluisante. Comme le signalent les observateurs, et particulièrement la FIDH dans son dernier rapport relatif aux violations des droits économiques, sociaux et culturels, l'Algérie est frappée de plein fouet par un chômage qui toucherait plus de 31% de la population. Sur ce point, il n'y a rien à cacher. Selon les statistiques, communiquées par Alger elle-même, plus de 12 millions d'Algériens vivent dans la précarité, alors que 7,2 millions d'Algériens sont en-dessous du seuil de pauvreté, avec moins de un dollar par jour. Un chiffre qui, à l'évidence, paraît déconcertant compte tenu des revenus considérables que rapporte le pétrole algérien. Cherchez donc où vont les pétrodollars dans le pays où l'on vit avec moins de un dollar par jour. Vous avez dit «armement»?