Après avoir été rejeté par sa femme, installée en Allemagne où il est devenu persona non grata, Omar, se sentant livré à lui-même, a basculé dans un commerce illégal. Passeur d'immigrés clandestins munis de faux passeports. Le rêve d'Omar était d'aller en Allemagne. Quand il a décroché son bac, il a également eu un diplôme en langue allemande, obtenu à l'Institut Goethe à Casablanca. Un diplôme qui lui a facilité la procédure pour obtenir un visa et se rendre, en tant qu'étudiant, à Aachen en Allemagne. Il y est arrivé en 2001 pour entamer ses études universitaires. En fait, il pensait qu'il était tiré d'affaires et que sa nouvelle vie serait plus agréable qu'elle ne l'a été dans son pays natal. Il pensait aussi qu'il serait très simple de trouver un emploi lui permettant de gagner dignement sa croûte et faire face aux dépenses relatives à ses études. Mais la réalité était tout autre. La vie dans ce pays d'accueil était pénible et dure. Omar a dû frapper à plusieurs portes pour avoir un job. Mais, à force de persévérance, il finira par trouver de petits boulots qu'il exercera au détriment de ses études. En effet, il cessera de se rendre à l'université. Au gré de ses sorties, il fait la connaissance d'une femme allemande qui deviendra son épouse. Il a vécu les premiers mois du mariage dans un grand bonheur. Mais celui-ci sera de courte durée. Les problèmes surgissent à cause de la difficulté qu'il rencontre à trouver un emploi stable et à plein temps. La conjoncture économique en Allemagne est de plus en plus difficile. Ne lui reste que la débrouillardise pour subvenir aux besoins de sa famille. Malgré cela, sa femme était à ses côtés pour le consoler et le soutenir. Entre-temps, le foyer du couple sera égayé d'un heureux événement. Ce bonheur conjugal s'estompera petit à petit pour céder la place aux malentendus et aux disputes. La situation est devenue insupportable que les deux partenaires décident de divorcer. Échaudé par sa première expérience de mariage, il décide de ne pas se remarier et de consacrer toute son énergie à la recherche d'un emploi stable à la mesure de ses ambitions. Mais il craquera de nouveau pour une jeune fille. Cette fois-ci, l'élue de son cœur est marocaine. Une fille du pays. Remariage. Omar voulait que ce nouveau mariage lui permette d'aborder la vie sous de meilleurs auspices, que ça lui porte chance en quelque sorte. Or, la malédiction du chômage semble le poursuivre quoiqu'il fasse. Le désespoir s'installe dans sa vie. L'ennui aussi. C'est sa femme, avec laquelle il a eu plus tard une fille, qui lui donnera de l'argent de poche pour s'acheter des cigarettes et quelques bières. Sa nouvelle épouse commence à lui reprocher d'avoir cessé à chercher du travail. “ Un homme doit travailler“, lui dit-elle sans cesse. Ne supportant plus ses critiques, il a fini par retourner au bercail auprès de sa famille en décembre 2005, à Casablanca. Après la fête du sacrifice, il commence à se préparer pour retourner en Allemagne. Seulement voilà, il a été avisé par le consulat d'Allemagne au Maroc qu'il ne sera plus pris en charge par sa femme. Ainsi, il est devenu une personne indésirable. Il n'a plus de choix que de rester dans son pays natal. Mais il doit gagner sa vie. Ce qui n'est pas évident. Au Maroc, les choses ne sont pas non plus faciles. Il fait la connaissance de trois personnes, Hicham, Mourad et Mohamed. Trois amis qui avaient fait leurs études en Allemagne et qui disposaient des papiers de séjour. Ces derniers lui ont vendu provisoirement leurs passeports contre 20 mille dirhams chacun. Après quoi, Omar a cherché des rêveurs de l'Eldorado qui voulaient aller en Europe à n'importe quel prix. Ils lui ont versé chacun plus de 60 mille dirhams pour les aider à réaliser leurs rêves. En recevant leurs photos d'identité, Omar a voyagé à Torino en Italie pour rencontrer des faussaires qui ont accepté de changer les photos d'identité authentiques des passeports par celles des candidats à l'émigration clandestine. Il est ensuite retourné à Casablanca pour emmener ces candidats vers l'Europe munis des faux passeports. Une fois arrivés en Europe, les candidats disparaissent après avoir remis les passeports à Omar. Ce dernier retournait alors chez les faussaires pour lui changer les photos d'identité avant de regagner le Maroc et faire passer trois nouveaux candidats à l'émigration clandestine. Une trentaine de candidats au départ ont pu s'installer dans le Vieux Continent grâce à ce procédé frauduleux. Celui-ci sera découvert par les policiers de l'aéroport Mohammed V à Casablanca alors que le passeur s'apprêtait à voyager avec d'autres émigrés clandestins. Fin de l'aventure. L'affaire est entre les mains de la justice.