Sept membres d'un réseau de falsification du visa «Shengen», entre faussaires et intermédiaires, ont été arrêtés dernièrement par la police judiciaire de Casablanca. Aéroport international Mohammed V à Casablanca. Mounir et Ahmed, la vingtaine, viennent de descendre d'une Palio bleue. Ouvrant le coffre, chacun d'eux a saisi sa valise. Après avoir fait leurs adieux au chauffeur de la voiture qui les a conduits, ils se sont dirigés vers l'intérieur de l'aéroport. Les deux hommes voyageront séparément. Mounir se rendra à Milano en Italie alors qu'Ahmed ira à Frankfort en Allemagne. Devant les policiers chargés du contrôle des papiers, ils attendaient et rêvaient déjà de leur aventure. Après deux heures, ils seront à bord de l'avion, qui les mènera à l'autre rive de la Méditerranée. Ils sont aux anges. Après de longues années d'attente, leur rêve sera finalement réalisé. Mounir, qui a abandonné tôt les bancs de l'école, est en chômage depuis plusieurs années. Il s'est toujours débrouillé comme il peut pour gagner sa vie. Cependant, ce qu'il gagnait ne suffisait pas pour subvenir aux besoins de sa famille. C'est pourquoi, il a décidé d'immigrer à l'étranger. Peu importe le pays. Ce qui comptait à ses yeux, c'était d'immigrer. Pour cela, il a économisé une somme de 50 mille DH. Quant à Ahmed, il s'est efforcé pour décrocher sa licence en économie à la faculté de droit de Casablanca. Il souhaitait travailler dans une entreprise privée ou dans un établissement public. Mais, il est resté en chômage durant plusieurs années. Il a même participé à plusieurs sit-in des diplômés chômeurs devant le siège du Parlement. Que faut-il faire alors ? Son père l'a encouragé à immigrer. Il a fait le porte-à-porte pour rassembler une somme de 60 mille DH. Toutefois, les choses ont pris une tournure dramatique. Que s'est-il passé ? Devant le poste de contrôle de la police de l'aéroport Mohammed V, leurs passeports ont été minutieusement examinés. Puis, on les a conduits au commissariat. Interrogés par la police des frontières, ils n'ont rien révélé sur l'origine de leurs passeports. Les éléments de la troisième section de la police judiciaire de Casablanca-Anfa se sont alors chargés de l'affaire. Après un interrogatoire serré, les deux hommes ont évoqué le nom d'un certain Jawad. C'est ce dernier qui les a conduits à bord de sa voiture à l'aéroport. Arrêté, Jawad a révélé aux enquêteurs l'existence d'un réseau de faussaires du visa Shengen. Sa mission au sein de ce réseau était d'assurer le transport des candidats à l'émigration, contre une commission allant de cinq cents à mille dirhams. Les investigations ont permis de mettre la main sur un réseau de faussaires professionnels. L'enquête révéla aussi que la bande avait des médiateurs qui se chargeaient de "détecter" les rêveurs de l'Eldorado. Ces derniers versent entre 50 et 60 mille DH pour avoir un visa Shengen. On cite Ali entre autres. Il y a plus d'une année, ce dernier avait versé trente mille dirhams à un faussaire. Il a réussi à regagner Séville en Espagne grâce à un faux visa. Toutefois, il a été arrêté par la police espagnole lors d'une campagne de ratissage menée contre les émigrants clandestins. Après une semaine de détention, il a été refoulé. Et il a décidé de devenir rabatteur. Il touchait entre cinq cents et mille dirhams pour chaque « candidat». Concernant les faussaires, les enquêteurs ont mis la main sur un certain Mohamed qui trafiquait les faux visas. Il a avoué avoir réussi plusieurs coups puisque beaucoup de personnes ont émigré vers l'Europe grâce aux faux documents qu'il leur a préparé. Il donnera aussi les noms de ses complices dont le propriétaire d'une agence de voyages située à Hay Hassani, à Casablanca. Enfin, sept personnes ont été traduites devant la justice dans le cadre de cette affaire alors que plusieurs autres sont activement recherchées par la police de Casablanca.