Le haut de gamme n'est pas inaccessible pour un constructeur généraliste comme Renault. C'est ce qu'a déclaré le président de la marque au losange en marge du Salon de Genève. Depuis qu'il a été nommé à la tête de Renault, il y a bientôt un an, Carlos Ghosn ne cesse d'afficher ses hautes ambitions pour l'avenir de la marque. Dernière en date, celle faite en marge du Salon de l'auto de Genève, lors d'une rencontre avec des journalistes et relative aux futures chances de Renault dans le haut de gamme. Un thème ou plutôt un segment de véhicule où la marque au losange a écopé d'un cuisant échec commercial avec la Vel Satis. Lancé en 2002, ce vaisseau amiral n'a, faute d'un style peu classique, jamais réussi à décoller sur le plan commercial. Il s'en est vendu une moyenne de 10.000 unités annuelle durant ses deux premières années, puis un peu moins (environ 8.000) en 2004 et en 2005. On est bien loin des 70.000 exemplaires par an de (feue) la Safrane… Mais pour Carlos Ghosn, pas question de renoncer au haut de gamme. Le président de Renault a rappelé qu'il croyait plus dans le produit que dans la marque pour séduire ce profil de clientèle. «La seule chose qui compte est d'écouter attentivement ce que veulent les clients. C'est ce que font les marques de luxe», a-t-il affirmé aux journalistes. Pour lui, c'est le produit qui compte aux yeux du client et non pas la marque. M. Ghosn fait notamment allusion aux récentes rumeurs concernant un hypothétique rachat de la marque Jaguar (par le groupe Renault-Nissan). Une rumeur qu'il va très vite qualifier d'«infondée». L'homme qui a sauvé Nissan d'une faillite promise croit donc dur comme fer que le label Renault peut s'imposer dans le haut de gamme. Carlos Ghosn a même déclaré, tout récemment, à un grand mensuel automobile français (Cf, l'Automobile Magazine n° 718, page 100) : «En haut de gamme, notre marque est tout à fait crédible. Il n'y a aucune incompatibilité à vendre des modèles sur toute l'échelle des prix». Sauf que, justement, pour réussir dans le giron des berlines de grand luxe, il est impératif de monter en gamme sur tout le reste des segments inférieurs. Plus précisément, cette stratégie se décline en premier lieu sur la Laguna. Et M. Ghosn d'expliquer : «On ne peut pas aller sur le segment haut de gamme si l'on n'est pas présent dans les niveaux intermédiaires. Laguna est à la frontière du haut de gamme. Nous devons démontrer ce que nous pouvons faire à ce niveau». Et c'est ce que prévoit le premier constructeur français dans son plan triennal, présenté par Carlos Ghosn le 9 février dernier. En effet, le «Renault Contrat 2009» (le nom de ce programme stratégique) promet une future Laguna qui sera parmi les trois meilleures de sa catégorie. Parallèlement, Renault va lancer, d'ici 2009, cinq nouveaux modèles dans le segment des véhicules supérieurs à 27.000 euros. Parmi eux, un luxueux 4x4 dérivé de l'étude de style Egeus pourrait reprendre à sa base les organes mécaniques et le contenu technologique d'un crossover de la marque Infiniti, le label de luxe de Nissan. Ce serait alors une première salve de ce qu'est capable de produire la marque au losange en matière de haut de gamme et ce en attendant la remplaçante de la Vel Satis. Mais en toute logique, celle-ci ne devrait pas conserver le même nom.