Détenu à 44,4% par Renault, Nissan est devenu une source de profit pour son partenaire. Mais les bénéfices du constructeur français s'affaiblissent suite aux effets de réduction des prix. Renault a beau accroître ses parts de marché et être l'un des constructeurs les mieux gérés en Europe, si l'on s'en tient simplement à son cours de bourse, ses propres activités automobiles ne valent pas grand-chose. A un cours de 51 euros environ lundi matin, le titre de la firme au losange a enregistré un rebond de 75% depuis le creux de quelque 30 euros touché fin septembre, notamment à la faveur de l'insolente santé de son allié japonais Nissan. Reste que la valorisation boursière de Renault n'est que de 14 milliards d'euros (12,3 milliards de dollars), ce qui représente à peine 44,4% de celle de Nissan, qui pèse 28,5 milliards de dollars à la bourse de Tokyo. Ceci tient au phénomène suivant : alors que Nissan, détenu à 44,4% par Renault, est devenu une abondante source de cash pour son partenaire, les bénéfices du constructeur français seul s'amenuisent, suite aux importants rabais qu'il a consentis sur ses modèles pour conserver ses parts de marché. S'il est acquis aux yeux de tous que Renault ne regagnera pas cette année le terrain perdu en termes de résultat d'exploitation, qui a chuté de 74% en 2001, certains estiment que le cours actuel de l'action reflète un pessimisme excessif et ajoutent que le constructeur pourrait améliorer ses performances dès le second semestre 2002. « Le potentiel de rebond de Renault n'était pas inscrit dans le cours il y a trois mois et il ne l'est toujours pas », a estimé Gaëtan Toulemonde, analyste chez Deutsche Bank. «L'évolution récente de la valeur est exclusivement le fait de la progression du titre Nissan". Louis Schweitzer, P-dg de Renault a été porté aux nues pour avoir conclu une alliance avec Nissan et avoir placé le «cost-killer» Carlos Ghosn à la tête du construccteur japonais. Ce dernier, à coups de suppressions d'emplois, de fermetures d'usines et de réduction des coûts d'exploitation, a redressé plus vite que prévu le troisième groupe automobile japonais. Et le flux de bonnes nouvelles en provenance de Tokyo a occulté les performances de Renault lui-même qui, en 1999, surclassait ses principaux concurrents européens, avec une marge d'exploitation de sa division automobile de 5,9%. En 2001, ce taux est tombé à 0,6% en raison des rabais consentis sur les modèles, vieillissants, Mégane et Clio.