* La crise mondiale de lindustrie automobile naffectera pas le projet Renault-Nissan à Tanger, même si son effet sest manifesté sur les équipementiers nationaux. * Lorganisation dun événement comme lAMT 2008 permettra de dévoiler les atouts du Maroc à lheure où les constructeurs automobiles recherchent des coûts moins élevés. Renault a décidé de réduire de 20 % sa production en Europe. Un choix dicté par la crise mondiale et un ralentissement sur les marchés de lEurope élargie. «Renault va réduire de 20% sa production au quatrième trimestre en Europe en raison de la dégradation de ce marché, ce qui correspond aux mesures d'économie annoncées en juillet», avait déclaré Patrick Pelata, directeur général délégué de Renault à la presse internationale. Cette décision intervient moins dune année après la signature, entre le gouvernement marocain et lAlliance Renault-Nissan, dun accord concernant limplantation dun complexe industriel à Tanger-Med. Lenjeu est de taille pour le Maroc, puisque ce site sera doté dune capacité opérationnelle de 400.000 véhicules/an à terme, faisant de lui l'un des sites industriels les plus importants du bassin méditerranéen. Représentant un investissement capacitaire global de plus dun milliard d'euros, ce complexe conduira à la création de 6.000 emplois directs et près de 30.000 emplois indirects. Mais il ne faut pas salarmer outre mesure de la décision de Renault de réduire sa production, à en croire Abdelhak Mounir, Administrateur de lAssociation Marocaine pour lIndustrie et le Commerce de lAutomobile (AMICA), et Directeur général de la société industrielle Mounir. Selon cet équipementier, «le projet se porte bien et continue à intéresser beaucoup dindustriels tant étrangers que marocains. La gamme qui a été choisie en montage à Tanger ne devrait pas être impactée par la crise ; bien au contraire, nous pensons quelle est plutôt vouée à un avenir prometteur». Dun autre côté, la crise mondiale de lindustrie automobile nest pas propre au groupe Renault et, inéluctablement, les effets se font ressentir au Maroc. Peut-être pas au niveau du futur complexe industriel de Tanger Med, mais certainement sur les équipementiers nationaux. Toujours selon Abdelhak Mounir, «le problème nest malheureusement pas exclusif à Renault, mais cest lensemble du secteur automobile mondial qui est touché. La crise est profonde et elle a commencé dans notre secteur, bien avant la crise financière. Limpact sur léquipementier exportateur marocain est important, puisque la baisse des ventes et de la production conduit fatalement à une baisse des commandes pour les équipementiers, quel que soit leur rang. Pour les équipementiers qui livrent la SOMACA, le problème ne se pose pas. Bien au contraire, les quantités de production augmentent avec lentrée en production de la Kangoo Long Life». Mais comme un malheur narrive jamais seul, cette crise mondiale est en soi une opportunité à saisir par le Maroc. En effet, la réduction de la production, et parfois la suppression demplois, vient répondre à une contrainte des constructeurs qui cherchent des coûts de pièces et de main-duvre de moins en moins élevés. AMT 2008, pour dévoiler les atouts du Maroc «Et si nous mettons tous les atouts de notre côté, nous devrions bénéficier dune grande part du marché de lEurope du Sud (Espagne, France, Portugal, voire lAngleterre). Ces atouts que nous devrions améliorer en permanence sont la disponibilité de compétences à coût raisonnable, la logistique disponible avec un transit time réduit du fait de la proximité de lEurope, une culture proche de celle de nos partenaires et une infrastructure en constante amélioration», souligne ladministrateur de lAMICA. Dans le même sillage, cette association tiendra à partir de ce jeudi la première Convention dAffaires Automobile dans le bassin méditerranéen, Automotive Meetings Tangier-Med 2008. La Direction de Renault Tanger Med, la Direction des achats de Renault au Maroc, celle de General Motors en Espagne ainsi que le directeur RSO (Regional Sourcing Office) du Groupe Volkswagen à Vérone en Italie, ont confirmé leur participation à lAMT. Si la première est invitée pour présenter son objectif de production et dintégration locales, loccasion est offerte aux autres pour chercher à consolider leur sourcing au Maroc. Des contacts sont en cours avec dautres constructeurs dont : Fiat Auto et PSA qui comptent déjà des fournisseurs parmi les équipementiers installés au Maroc, ainsi que Jaguar Land Rover et BMW qui considèrent avec beaucoup dintérêt le développement de leur sourcing au Maroc. Outre les constructeurs, des équipementiers de rang 1 sont inscrits : Faurecia, Leoni, Valeo, Yazaki, Delphi, Hutchinson, Ficosa, Lear, . Tandis que dautres sont sollicités pour prendre part à cet événement, notamment les membres de la FIEV (Fédération française des industries et des équipements pour véhicules), qui soutient lAMICA dans lorganisation de lAMT. Dautres démarches sont déjà entreprises auprès des associations et des clusters européens, en France, en Espagne, au Portugal et en Italie, pour inciter leurs membres à participer à lAMT 2008 ; cette mission est confiée à un cabinet de consulting européen qui fait profiter lAMICA de son réseau relationnel. Quant aux équipementiers et industriels de la sous-traitance locaux, ils sont déjà une cinquantaine à sêtre inscrits à cet événement, dans le dessein de se positionner au niveau du marché automobile marocain en pleine émergence. De lavis des industriels locaux, lAMT est un outil de rencontre que lAMICA avait prévu de mettre en place voilà déjà trois ans. Cet outil est nécessaire pour rapprocher les constructeurs des équipementiers de rang 1 et des sous-traitants autour du projet Maroc. «En tant quéquipementier, je souhaite nouer un partenariat qui permettra à la fois doffrir des capacités vis-à-vis du projet Renault-Nissan Tanger, daugmenter lintégration à la SOMACA et de voir souvrir de nouveaux horizons à lexport», conclut Abdelhak Mounir. A titre de rappel, le complexe Renault-Nissan de Tanger Med sétendra sur une superficie de 300 hectares, situés dans la Zone Economique Spéciale «off shore» de Tanger, utilisant la plate- forme portuaire du port de Tanger-Med et bénéficiant des infrastructures logistiques de pointe développées par le Maroc dans la région. Une telle implantation est lourde deffets dentraînement. Ainsi, lindustrie des équipements pour véhicules gagnera des acteurs en nombre qui sinstalleront dans la région et de nouveaux métiers pourront sy développer. Ce projet Renault-Nissan place le Maroc dans le club très fermé des pays producteurs et exportateurs de véhicules. La compétitivité de ses ressources humaines, sa proximité de lEurope et sa réactivité plaident en sa faveur.