Aucune ville du Royaume ne lui est comparable. Son succès, insolent pour certains, est pourtant mérité car il est le fruit de deux décennies d'efforts conjugués des pouvoirs publics et du secteur privé. Marrakech, la superbe capitale du Sud, a confirmé, à mi- parcours de la vision 2010, son leadership, toutes catégories hôtelières et touristiques confondues. Aucune ville du Royaume ne lui est comparable. Son succès, insolent pour certains, est pourtant mérité car il est le fruit de deux décennies d'efforts conjugués des pouvoirs publics et du secteur privé. Passe que le taux d'occupation de ses unités hôtelières a voisiné les 70% en 2005 et que les nuitées réalisées dépassent 5,3 millions, soit plus de 35% des performances nationales. Ce qui aiguise les jalousies c'est le taux annuel moyen de croissance du premier quinquennat de la vision 2010, à savoir 7%. Certes, les prévisions évoquaient le double de ce pourcentage mais dès qu'on examine de près les évolutions des autres destinations : Agadir, Rabat et Meknès 1%, Tanger 3%, Casablanca, Fès, Tétouan et Ouarzazate, chiffres négatifs, on devient moins pointilleux. Les restaurants nouveaux et les espaces de loisirs pullulent et il est tout à fait agréable de disposer d'une panoplie impressionnante d'adresses pour toutes sortes de goûts et d'exigences. Le CRI espère voir doubler d'ici 2010 la capacité hôtelière de la ville qui dépasserait 60.000 lits classés. L'open sky aidant, l'avenir paraît donc rose et prometteur, surtout quand on prend acte des programmes ambitieux proposés par la wilaya aux conseillers municipaux et aux élus pour de nouveaux projets d'embellissement, d'infrastructure, revue et corrigée, de renforcement du contrôle de qualité, d'un meilleur encadrement humain des populations et d'un engagement durable des élus aux côtés des autorités administratives. L'appel de ces dernières sera-t-il perçu d'une façon à créer les conditions optimales d'une coopération profitable aux Marrakchis, au tourisme et partant à l'avenir politique des élus eux-mêmes ? L'avenir le dira mais en attendant la mise à niveau de la justice au standard européen, la révision du dossier de la promotion touristique et son élévation à un niveau de savoir-faire qui sort des sentiers battus et des effets d'annonces, d'opérateurs peu engagés financièrement, pas tout à fait formés pour faire face au challenge actuel, frileux et intéressés. Si Marrakech veut devenir le "Dubaï" du Royaume, elle se doit d'être lucide et vigilante, prévoyante et engagée. La ville ocre ne peut désormais se permettre que des risques calculés, sachant que la diversification de son offre et son agressivité commerciale ne doivent jamais être perdues de vue, ce qui lui permettra de limiter le danger de dépendance du marché français (62% des nuitées totales de la ville) qui dépasse aujourd'hui la côte d'alerte. La clientèle nationale quant à elle trône au deuxième rang avec 12% des nuitées enregistrées. Elle ne constitue nullement un danger. Bien au contraire. Clientèle captive, qui règle en cash ses factures, elle est tout à fait appréciée. Reste à entamer vite les constructions et les aménagements nécessaires pour répondre à ses besoins spécifiques. L'open sky, conclu avec l'Europe, doit naturellement profiter d'abord à la ville ocre car on dit bien "A tout seigneur tout honneur" du fait qu'elle dispose d'atouts exceptionnels et de capacités hôtelières et touristiques remarquables. Mais où sommes-nous exactement de la mise en place de cette ouverture du ciel marocain ? En fait, personne n'en sait rien et il est grand temps de vulgariser les données des accords conclus et de créer les meilleures conditions de son exécution optimale. Un forum permanent, par exemple, devrait être ouvert pour explorer toutes les voies possibles pour que soient saisies toutes les opportunités qui peuvent s'offrir. Y a-t-il un hic ? L'essor de Marrakech n'est-il qu'une bulle susceptible d'éclater au premier choc ? Non, l'essor de Marrakech est bel et bien une réalité à caractère durable et évolutif. Le boom que les autorités arrivent aujourd'hui à maîtriser et à canaliser est loin d'être un fait abstrait ou un mirage, mais la ville a certes besoin d'une nouvelle culture économique et sociale où doivent se conjuguer et se confondre des efforts divers, des intérêts divergents et des passions opposées. Le rôle des élus, dans ce domaine, ne doit pas être l'un des moindres. A l'aune des atouts disponibles, tous les espoirs sont permis pour cette ville fascinante et provocatrice et telle qu'en elle-même Marrakech restera la ville des émotions et des sentiments sans cesse ravivés par le contact avec l'autre. Ne faut-il pas, malgré tout, prier de tout son cœur, pour que sa joie demeure et que son charme continue à faire son effet, notamment sur les français.