Selon des informations dignes de foi mais non confirmées par le ministère du Tourisme, le dossier de l'Américain Colony Capital aurait remporté l'appel d'offres international pour l'aménagement de Taghazout. Contre toute attente, c'est le consortium dirigé par le fonds d'investissement américain Colony Capital qui est en pole position pour l'aménagement du site de Taghazout. L'offre présentée par cet institutionnel est préférée à celle du méga-consortium constitué de MHV, filiale de la CDG, CMKD, Attijariwafa bank, et Ynna Holding. Qui aurait cru à un tel dénouement ? La décision aurait été prise mardi 14 février 2005, aux environs de 23h30, déclare, catégorique, une source digne de foi. Contacté, le ministère du Tourisme n'a pas confirmé l'information, nous renvoyant cependant à la journée d'aujourd'hui, date de proclamation des résultats officiels. Aucune information auprès du MHV, du CMKD, ou encore des autorités locales à Agadir. La commission du ministère du Tourisme chargée de l'étude du dossier était encore hier, à l'heure où nous mettions sous presse, en réunion. Si l'information se confirme, l'on dira de Naji Boutros, responsable pour Colony Capital de la zone Afrique du Nord et Moyen-Orient, qu'il est non seulement un grand devin, mais aussi un stratège. De passage récemment au Maroc, juste après le dépôt des offres relatives à l'appel d'offres pour l'aménagement du site en question, ce manager s'était fendu d'une longue déclaration à la MAP, n'hésitant pas à dévoiler les points saillants de son offre. Celle-ci était colossale, à savoir un investissement de 10 milliards de dirhams et l'engagement de réaliser dans les délais et en investissements propres la totalité de la phase 1. «Notre consortium a l'ambition d'aménager et de développer le site de Taghazout pour en faire l'une des stations balnéaires de signature à l'échelle mondiale», renchérissait M. Boutros, détaillant son offre. Comme tout consortium, celui de Colony Capital présente, une face visible de l'iceberg. En l'occurrence, c'est le tandem Canarien Lopesan/ Satocan. Un couple solide avec pour le premier nommé, le statut de réalisateur et de propriétaire de Costa Melonera et Villa del Conde, deux des hôtels les plus connus de la station touristique espagnole, laquelle attire, à elle seule, trois fois plus de touristes que le Maroc. #D'après M. Boutros, ces deux entreprises partenaires drainent à travers leurs hôtels, leurs réseaux de commercialisation ou leur compagnie aérienne, 35% des touristes européens qui résident dans des hôtels 4 et 5* aux Iles Canaries. Mais qu'en est-il de la face cachée de l'iceberg ? Là, c'est le silence absolu. Ni l'identité de la banque d'affaires locale accompagnatrice, encore moins celle du ou des consultants ne sont connues. Une source proche du dossier précise que la seule fois où Thomas J Barrak, patron de Colony International, a été aperçu au Maroc, c'était en compagnie de Adil Douiri, ministre du Tourisme lors de la journée d'information sur le site de Taghazout, en mai 2005. Et depuis, la mayonnaise a bien pris. Le fonds d'investissement américain s'est lancé dans la course, mais pas à fonds perdus, puisque l'investissement consenti jusque-là tournerait autour de 14 millions de dirhams. Dans l'étude des dossiers ? Rappelons que Colony Capital est un fonds d'investissement privé, fondé en 1991. Aujourd'hui, l'entreprise possède Raffles Hotels et Resorts, la légendaire Costa Smeralda en Sardaigne, en Italie et l'hôtel Guanahani à St Barts. Egalement dans le patrimoine, le Mayfair à Miami, Resorts International à Atlantic City, l'Atlantic City Hilton, le Las Vegas Hilton, les Casinos Accor en Europe ainsi que les Sunrise Colony Country Club communities. Naji Boutros estime à 160 milliards de dirhams la valeur des activités de son groupe dans l'immobilier et le tourisme. Dernièrement, Colony Capital, a pris une participation de 1 milliard de dollars dans Accor. Au cours des dernières années, Colony Capital s'est notamment illustré dans deux grandes opérations d'aménagements touristiques: celle d'Hawaii aux Etats Unis et celle de Costa Smeralda en Sardaigne, dont les hôtels sont considérés parmi les plus chers au monde.