Le Hamas a une nouvelle fois refusé de céder aux pressions internationales pour qu'il reconnaisse Israël, mais le mouvement se dit juste prêt à conclure une «longue trêve» avec l'Etat hébreu. Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a eu, samedi, une première rencontre à Gaza avec les dirigeants du Hamas, en vue de la prochaine formation d'un gouvernement sous la direction du mouvement islamiste. Les deux parties sont tombées d'accord pour que le Hamas choisisse le candidat au poste de Premier ministre auquel le nouveau Parlement devra donner son investiture dans les semaines qui suivent sa réunion inaugurale, le 16 février. «Il ne fait aucun doute que le Hamas sera chargé de choisir le prochain Premier ministre», a déclaré, après la rencontre, le porte-parole de M.Abbas, Nabil Abou Roudeina. Il a rappelé que, selon la loi, le chef du gouvernement pressenti disposera d'un délai de cinq semaines maximum pour obtenir l'investiture du Parlement, à compter du 16 février. Il a souligné que, lors de l'entretien, «le président Abbas a réaffirmé que le prochain gouvernement doit honorer les accords passés» par l'Autorité palestinienne. «Nous nous sommes mis d'accord avec le président pour tenir la première réunion du Conseil législatif (Parlement) le 16 février», a déclaré pour sa part le numéro un de la liste du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Il a indiqué qu'au cours de cette réunion, un nouveau président du Parlement serait élu et que commenceraient les consultations en vue de la formation d'un gouvernement sous la direction du Hamas. L'autre dirigeant du Hamas, Mahmoud Zahar, qui participait à l'entrevue, a réaffirmé que son mouvement ne «reconnaîtrait pas l'ennemi israélien». «On ne nous a pas imposé de conditions et nous n'en accepterons pas», a-t-il ajouté en allusion à l'entretien avec M.Abbas. Les deux dirigeants devaient se rendre hier au Caire afin de rencontrer la direction en exil du mouvement et des hauts responsables égyptiens. Ils doivent y rencontrer Khaled Mechaal, le chef du bureau politique du Hamas qui doit se rendre lundi de Damas au Caire. La rencontre de Gaza a été la première entre le chef de l'Autorité palestinienne et les leaders du groupe islamiste depuis leur éclatante victoire aux élections législatives du 25 janvier. Une victoire qui a eu un effet de séisme dans le monde entier. Bien que ce ne fut pas une surprise, l'arrivée au pouvoir du mouvement Hamas a suscité de vives réactions de la part des Etats-Unis et des Européens. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a déclaré vendredi dernier, que le prochain cabinet palestinien devrait s'engager sur la voie d'un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien. Ces accords comprennent notamment l'engagement à respecter la Feuille de route, le dernier plan de paix actuellement au point mort, qui prévoit la création à terme d'un Etat palestinien indépendant aux côtés d'Israël. Ce plan de paix, élaboré par la communauté internationale, prévoit en préalable le démantèlement des groupes armés palestiniens, la cessation des actes de violence et le gel de la colonisation israélienne. Le Hamas, lui, refuse de renoncer à lutte armée contre Israël et de reconnaître l'Etat hébreu, dont sa charte de 1988 réclame la destruction. Il a, cependant, observé une trêve des attaques depuis un an et il pourrait la prolonger. De leur part, les dirigeants israéliens, qui avaient auparavant annoncé la suspension du versement à l'Autorité palestinienne des taxes et droits de douanes qu'elle perçoit en son nom aux frontières de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, ont finalement accepté de transférer quelque 45 millions de dollars dus aux Palestiniens. Le ministre Zeev Boim a précisé que le transfert devait avoir lieu dimanche. Le gel de cette somme par l'Etat hébreu avait aggravé la crise financière à laquelle est confrontée l'Autorité palestinienne, l'amenant à annoncer un retard dans le versement des salaires des quelque 137.000 fonctionnaires.