La victoire du Hamas lors des élections législatives palestiniennes risque de porter un coup dur au processus de paix au Proche-Orient. Après sa défaite, le Fatah, lui, devient de plus en plus divisé. Avec le Hamas, qu'est-ce qu'on ramasse ? 76 sièges sur les 132 que compte le Conseil législatif palestinien, soit la majorité absolue. Un véritable raz-de-marée «vert» pour balayer un vieux Fatah corrompu. Les résultats des élections palestiniennes, tenues mercredi dernier, n'ont surpris personne. Pourtant, ça a eu l'effet d'une bombe. Mais à quelle bombe faut-il s'attendre ? Une bombe politique ou plus ? Désormais, ceux qui prônent «le terrorisme» vont devenir les interlocuteurs de tous ceux qui cherchent la paix. La gestion au quotidien va-t-elle changer le groupe radical du Hamas ? Bien qu'il soit très tôt pour répondre à cette question, il y a de quoi être sceptique. En effet, Ismaïl Haniyeh, un haut responsable du Hamas, a exclu samedi que le mouvement islamiste dépose les armes tout en sachant que ce refus risque d'entraîner une diminution sensible de l'aide internationale à l'Autorité palestinienne. D'ailleurs, les Etats-Unis ont menacé vendredi de réduire cette année le montant de l'aide allouée aux Palestiniens - 234 millions de dollars - en raison de l'arrivée au pouvoir du Hamas, qui devrait former un nouveau gouvernement palestinien. Des responsables européens ont laissé entendre, eux aussi, que si le Hamas refusait de déposer les armes et de reconnaître Israël, cela pourrait affecter les relations entre l'Union européenne et l'Autorité palestinienne. L'UE est la principale source d'aide financière à l'Autorité palestinienne, qu'elle a soutenue à hauteur de 500 millions d'euros l'an dernier. Côté israélien, le Premier ministre par intérim Ehud Olmert, qui s'est entretenu au cours des derniers jours avec plusieurs dirigeants dont le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et le président français Jacques Chirac, leur a déclaré que l'Etat hébreu n'aurait pas de contacts avec un gouvernement palestinien composé de députés du Hamas, rapporte dimanche le quotidien israélien Haaretz. Outre MM. Annan et Chirac, Ehud Olmert s'est entretenu avec le président égyptien Hosni Moubarak et le roi Abdallah de Jordanie, ajoute le journal. M.Olmert a rappelé à ses interlocuteurs la position israélienne sur le Hamas : le mouvement islamiste doit déposer les armes, abroger sa charte appelant à la destruction de l'Etat hébreu et accepter tous les accords que l'Autorité palestinienne a signés avec Israël. La chancelière allemande Angela Merkel, première personnalité européenne à se rendre au Proche-Orient depuis la victoire du Hamas aux législatives palestiniennes, était attendue dimanche en Israël et dans les territoires palestiniens. Son porte-parole Ulrich Wilhelm a précisé vendredi qu'elle ne rencontrerait aucun représentant du mouvement islamiste. «Notre interlocuteur n'est pas le Hamas, mais Mahmoud Abbas, le président des territoires palestiniens», a-t-il déclaré à la presse. Sur le terrain, les partisans du Fatah ont poursuivi leur fronde ce week-end contre la direction de leur parti, provoquant de vives tensions dans les territoires palestiniens, où des affrontements armés ont eu lieu entre vainqueurs et perdants. Plusieurs milliers de militants du Fatah avaient manifesté samedi en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, réclamant la démission des dirigeants du mouvement de Mahmoud Abbas après la retentissante défaite face au Hamas.