En deux semaines, l'ancienne Médina de Casablanca a été secouée par plusieurs effondrements de maisons. Résultat : de nombreuses familles se sont retrouvées dans la rue, désemparées et livrées au froid. Derb Guebbass, ancienne Médina de Casablanca. Une tente de fortune rassemble une vingtaine de personnes sorties profiter de cette matinée ensoleillée de samedi dernier. «C'est dur de vivre dans la rue, dans ce froid, à quelques mètres de son foyer ! », lance une jeune maman. Étymologiquement, le foyer est le lieu où «brûle un feu». Pour cette femme, cela fait plus d'une semaine qu'elle a cessé de goûter à la chaleur de son domicile. «Depuis l'effondrement de ma maison, le vendredi 13 janvier, je n'ai que cette tente de fortune comme abri», explique-t-elle. Les habitants de Derb Guebbass n'arrivent toujours pas à oublier ce qui est arrivé tôt le matin ce vendredi, troisième journée de l'Aïd El-Kébir. «C'était à peu près 4 heures du matin que nous avons senti une terrible secousse…Une peur bleue s'est emparée de nous !», raconte une femme, âgée de 60 ans. En effet, la maison de l'Hajja s'est effondrée entraînant avec elle la chute d'autres maisons. « Avec cet effondrement, les maisons voisines sont également menacées de ruine. Nous sommes maintenant 18 familles condamnées à vivre dans la rue ! », note un père de famille. À quelques encablures de Derb Guebbass, d'autres familles vivent le même drame. Dans la rue M'barek Ben Brahim, une autre tente de fortune est dressée au milieu du quartier. « Ici, nous sommes 9 familles. Notre maison s'est effondrée au lendemain de la ruine de celle située à Derb Guebbass. Nous sommes toujours dans la rue dans l'attente d'une solution», déclare une mère de quatre enfants. L'attente devient en fait pénible avec cette vague de froid que connaît le pays. En effet, et à Casablanca, les statistiques du ministère chargé de l'Habitat et de l'Urbanisme font état de l'existence de 3202 logements menaçant ruine. Au total, ce sont 500.000 Marocains qui résident dans ce genre de logements à haut risque. Cette appellation regroupe en fait deux types de logements. Il s'agit de la construction des anciennes Médinas et de celle de l'habitat non réglementaire. Pour le premier type, la cause principale n'est autre que l'obsolescence et l'absence d'entretien. Le second type de logement menaçant ruine est dû au fait qu'il ne répond pas aux normes de construction en vigueur. Un programme est en cours d'élaboration pour soutenir ces logements. C'est ainsi qu'une enveloppe budgétaire de l'ordre de 323 millions de dirhams leur a été consacrée. Ce programme bénéficiera à près de 11.600 ménages dans différentes villes. En outre, le gouvernement a alloué une nouvelle ligne de crédit de 850 millions de dirhams, dont 260 millions au titre de l'année dernière, pour l'éradication de ce type d'habitats. À l'ancienne Médina de Casablanca, les familles veulent que leur problème soit réglé dans les plus brefs délais. «Nous nous retrouvons subitement dans la rue. Nous vivons un calvaire permanent, c'est pour cela qu'il faut résoudre ce problème d'urgence. C'est l'avenir de nos enfants qui est en jeu. Ne dit-on pas que nous construisions pour nos progénitures ! », lâche une jeune mère, les larmes aux yeux.