Couteaux, serviettes, sachets en plastique, grils, épices… l'Aïd El-Kébir est une fête qui commence bien avant le jour du sacrifice. Des métiers voient occasionnellement le jour pour accompagner l'arrivée du mouton. Tour d'horizon. La fête bat son plein avec ces moutons qui envahissent le quotidien des citadins. Avant même d'être disponibles sur le marché, ces ovins étaient d'ores et déjà là, par médias interposés. Les campagnes de communication saisissent, comme à l'accoutumée, cette occasion pour vanter les mérites de tel produit ou tel service. Pour le sacrifice, on est prêt à sacrifier bien d'autres choses. Prendre un crédit est souvent la solution qui s'offre pour pas mal de gens. Pour certains, le mouton est une autre occasion pour faire quelques économies. Des métiers surgissent rien que pour accompagner cette fête aux allures de rituel. En effet, l'Aïd El-Kébir est une fête qui commence quelques semaines auparavant. Un petit tour à Derb Omar, le célèbre quartier commercial de Casablanca, à titre d'exemple, renseigne sur cette frénésie soudaine des consommateurs. L'on se prépare chaque année avec la même joie à accueillir le mouton. Couteaux, serviettes, sachets en plastique, grils, épices… Les ménages s'équipent en produits neufs. Un peu partout à Casablanca, des commerçants profitent de cette occasion pour étaler à même le sol leurs produits. Ces petits métiers qui accompagnent l'arrivée du mouton sont révélateurs d'une culture de débrouillardise. Parmi ces métiers qui fleurissent lors de cette occasion, il y a ces aiguiseurs de couteaux qui promettent un égorgement rapide et sans souffrance de ces bêtes. A l'approche du jour «J», la vue de cette file indienne de gens munis de leurs «armes» devant ces spécialistes annonce le compte à rebours. De jeunes hommes, généralement, s'improvisent de fins «grilleurs» le jour du sacrifice pour faire de petits gains. Souvent par groupes, ils prennent place dans les coins et autres recoins des quartiers populaires pour offrir leurs services aux ménages, avec même livraison à domicile. Les travaux de préparation pour accueillir les premières «têtes» commencent très tôt le matin, avec le ramassage du bois. Un bon «grilleur» est celui qui ne confond pas les têtes des bêtes. Des quartiers entiers assistent alors à un grand barbecue. Sentir le «brûlé» est d'ailleurs l'un des moments qui marquent l'Aïd El Kébir. Le service qui comprend également l'amputation des cornes est proposé à une moyenne de 15 dirhams. L'autre métier qui refait surface à cette occasion est celui de vendeur de fourrage. Des jeunes, désoeuvrés la plupart du temps, «construisent» des montagnes de foin pour tous ceux qui préfèrent recevoir le mouton chez eux quelques jours à l'avance. C'est le moment aussi d'engraisser sa bête et de gagner quelques grammes de plus de cholestérol. La fête ne s'accomplit qu'avec la préparation de ces délicieuses brochettes à la marocaine. Le «Boulfaf» est le repas des Marocains durant cette première journée de l'Aïd El-Kébir. Ou du moins pour ceux et celles qui le fêtent. Pour réussir les grillades, des gens font de plus en plus appel à des bouchers. Ces derniers quittent leurs commerces et proposent leurs services. Steaks, côtelettes, kefta… Le mouton est, en quelques minutes, stocké au réfrigérateur, dans les règles de l'art de la boucherie. Ce sont-là des moments forts qui font de l'Aïd El-Kébir une grande fête familiale.