L'économie mondiale, à peine légèrement remise des séquelles de la pandémie, est sur le point d'entamer un autre cycle critique. Les analystes et experts de la Banque mondiale viennent de baisser de moitié leurs projections de croissance pour l'année 2023 en tablant sur une progression de 1,7%. Il y a six mois seulement, cette même prévision était de l'ordre de 3%. Et pour 2024, les perspectives ne sont guère meilleures. La tendance est visiblement généralisée et frappera même avec plus de violence les économies les plus avancées. En fait, c'est une autre récession mondiale qui semble s'installer à cause des effets prolongés et non encore éradiqués de la crise sanitaire combinés à un cycle inflationniste et aux perturbations géopolitiques majeures. Tous ces facteurs réunis ont généré chez les opérateurs économiques des craintes et incertitudes qui se sont traduites mécaniquement par un ralentissement des investissements et donc de création de valeur et d'emploi. C'est la fameuse théorie des anticipations qui se trouve ainsi vérifiée. La nouveauté cette fois-ci, et elle est pour le moins inquiétante, c'est que le monde connaîtra pour la première fois depuis presque un siècle un cycle de deux récessions dans la même décennie. Au moment où le Maroc est en train d'asseoir les bases d'un nouveau modèle global, ces mutations et nouvelles tendances lourdes qui s'installent en plus des nouvelles contraintes en termes de ressources auront nécessairement des retombées sur les projections et même les options prises pour le futur. Cette nouvelle donne de l'instabilité durable nécessitera désormais des modèles évolutifs et plus agiles.