Les protestataires sont prêts à tout entreprendre pour faire voter ce texte y compris fournir éventuellement ces députés nonchalants qui traînent le pas en grosses quantités de produits dopants. L'Association marocaine de l'industrie pharmaceutique ( AMIP) n'est pas contente et elle le fait savoir. Lors d'une conférence de presse tenue jeudi 5 janvier, précédée d'un communiqué au ton alarmiste, le président de cette association fulmine contre les députés qui n'ont toujours pas adopté le nouveau code de la pharmacie et du médicament censé entrer en vigueur avant la fin de l'année 2005. Un code jugé capital dans la perspective de l'accord de libre-échange (ALE) entre le Maroc et les Etats-Unis devenu, lui, effectif à partir du 1er janvier. Les membres de l'AMIP sont apparemment inquiets alors qu'une délégation d'investisseurs américains du secteur est attendue à Rabat à partir du 23 de ce mois. En gros, le blocage du projet de loi en question risque d'être préjudiciable aux affaires de l'industrie locale puisque “ les investisseurs américains ainsi que les autres investisseurs nationaux et étrangers devront tout naturellement se diriger vers un autre pays en l'absence d'un code de la pharmacie en mesure de favoriser l'investissement“. Ce qui pourrait représenter autant d'opportunités ratées pour un secteur local affichant déjà une santé insolente, mais qui n'est en effervescence qu'en cas de possibilité d'effets indésirables de situations pareilles sur le chiffre d'affaires. Les protestataires sont prêts à tout entreprendre pour faire voter ce texte y compris fournir éventuellement ces députés nonchalants qui traînent le pas en grosses quantités de produits dopants. Il faut tout de même que ces parlementaires montrent un peu d'excitation sur la question. Mais c'est déjà trop tard. Tout traitement même de cheval serait inefficace. Consciente de cela, l'AMIP avance un remède de substitution radicale qui consiste en attendant l'adoption du code par le Parlement à ce que le Premier ministre et le ministre de la Santé agissent pour “libérer le capital des entreprises pharmaceutiques“. Un capital prisonnier d'une loi de 1960 qui “ stipule que 51% du capital d'une entreprise pharmaceutique doivent être détenus par des pharmaciens“. Là, le résultat serait immédiat : grâce à l'ordonnance du chef du gouvernement qui agirait ainsi sans consultation des parlementaires , les opérateurs américains en particulier et occidentaux en général prendront rapidement des participations dans le secteur. C'est l'aspect principal du code qui intéresse le syndicat des labos du Maroc. Ce dernier avait, il y a une année environ, dénoncé la partie de l'ALE consacrée aux génériques en mobilisant les services du professeur émérite Hakima Himmiche. En vertu de cet accord, les entreprises pharmaceutiques installées au Maroc qui souhaitent “enregistrer une version générique avant la fin de ces cinq années“ réglementaires “devraient procéder à de nouveaux essais cliniques“. Ce qui générerait des frais supplémentaires considérables en termes d'investissements, de recherche et d'infrastructures pour les intéressés. Cette bataille-là, Mme Himmiche ne l'a pas gagnée et les fabricants des médicaments n'avaient d'autre choix que d'avaler la pilule.