21 mois après une tentative de hold-up dans une banque casablancaise, l'homme à la cagoule est toujours dans la nature. En cette journée du 9 février 2000, Casablanca palpite comme tous les matins, sous un soleil timide. Un léger froid continue de souffler. L'hiver ne s'en est pas toujours allé. Le printemps ? Il y a bien longtemps que, mémoire de Casablancais, on n'a plus revu une telle saison. Ce matin-là, la ville grouille et les Casablancais, métal hurlant, vont dans tous les sens. Il est environs 9h 30. C'est, disent les connaisseurs, l'heure de pointe de l'activité commerciale dans la ville. La préfecture de Sidi Othmane-Moulay Rachid, exactement là où se trouve le marché de gros de la capitale économique, n'échappe pas à la règle. Ici, la ville déverse ses activités. Les commerces, les administrations et les banques . Et contre toute attente, c'est à ce moment-là, en cette matinée du 9 février 2000, à 9 heures et 50 minutes qu'un homme décide de cambrioler l'agence du Crédit Agricole du marché de gros de Sidi Othmane. L'homme porte une cagoule. Comme dans un mauvais film. C'est un collant de femme qui lui masque le visage. Pourtant, les clients perçoivent, comme ils le déclareront à la police, sa moustache et son nez busqué. Il est de taille et de corpulence moyennes. Selon les témoins sur place, il serait brun. Signe distinctif du braqueur, âgé d'une trentaine d'années, dont le portrait-robot pourrait être celui de millions de Marocains, il a cet accent très particulier aux gens du nord. L'homme au collant tient, de manière ostentatoire et extrêmement menaçante un fusil de chasse. Il en avait soigneusement scié la crosse et le canon. «Le fusil a été réduit de 40 à 45 centimètres», signale le PV de la police judiciaire. Ce 9 février 2000, à 9 heures 50mn, le temps semble s'arrêter pour les employés et les clients de l'agence bancaire. Les tranches de vie défilent à toute allure, comme si la vie allait s'arrêtait et l'on vivait ses derniers moments. La journée avait pourtant si bien commencé…«Tout le monde à terre», crie le malfaiteur cagoulé. La scène se déroule exactement comme dans un mauvais polar. «Restez calmes et mettez-vous tous à plat ventre», hurle-t-il encore plus menaçant. Dans toutes les histoires de braquage, il y a toujours un héros, celui qui tente l'impossible pour arrêter le massacre. Dans ce triste épisode de l'agence bancaire du Crédit Agricole de Sidi Othmane, le héros, c'est le caissier. Dans une ultime manœuvre, allongé à terre dans son box en verre, il active le signal d'alarme. Moment de panique dans l'agence qu'un client tente de mettre à profit pour essayer de s'emparer d'un vase destiné au braqueur. Déstabilisé, l'homme au collant s'enfuit. Un chauffeur de taxi stationné à quelques mètres de là, remarque cette fuite qu'il juge suspecte. C'est bien connu, les taxi-driver ont du bon sens à en revendre. Il n'hésite pas une seule seconde à arrêter le malfaiteur sorti en trombes. Le braqueur brun, moustachu, de corpulence moyenne et à l'accent du nord tire un coup de feu. Le deuxième de la matinée. Avant de disparaître dans les ruelles de Sidi Othmane à quelques encablures du marché de gros. Son portrait-robot est désormais accroché dans tous les commissariats de police du Maroc.