C'est la décision phare du conseil d'administration de Bank Al-Maghrib Conjoncture : La banque centrale décide de relever le taux directeur de 50 points de base. Bank Al-Maghrib justifie cette deuxième hausse successive par son souci de prévenir tout désancrage des anticipations d'inflation et favoriser le retour de l'inflation à des taux en ligne avec l'objectif de stabilité des prix. Deuxième hausse successive du taux directeur en trois mois. Le banque centrale vient, en effet, d'annoncer à l'issue de son conseil d'administration, une nouvelle hausse de 50 points de base. «Au regard de ces évolutions et pour prévenir tout désancrage des anticipations d'inflation et favoriser le retour de l'inflation à des taux en ligne avec l'objectif de stabilité des prix, le conseil a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base à 2,50%. Il continuera de suivre de près la conjoncture économique et les pressions inflationnistes, tant au niveau national qu'international», annonce un communiqué de Bank Al-Maghrib (BAM). Dans ce sens, le conseil de Bank Al-Maghrib a tenu le mardi 20 décembre sa dernière réunion trimestrielle au titre de l'année 2022. Lors de cette réunion, il a analysé l'évolution récente de la conjoncture économique internationale avec des tensions géopolitiques et leur impact sur l'économie nationale. «Au niveau national, cet environnement pèse sur l'activité économique et sur l'évolution de l'inflation. Cette dernière va devoir continuer à enregistrer des taux élevés pour une période bien plus longue que prévu en septembre, impactée notamment par les pressions externes qui se diffusent aux biens et services non échangeables et par la mise en œuvre de la réforme du système de compensation à partir de 2024», précise la même source. En effet, tenant compte des données les plus récentes, l'inflation devrait ressortir à 6,6% en 2022, après 1,4% en 2021, tirée essentiellement par l'accélération de la hausse des prix des produits alimentaires et des carburants et lubrifiants. Elle se situerait par la suite à 3,9% en moyenne en 2023 avant d'enregistrer un nouveau rebond en 2024 à 4,2%. Croissance Pour BAM, la croissance économique marquerait, selon les projections actualisées, un ralentissement cette année à 1,1%. La même source précise qu'en 2023, la croissance s'accélérerait à 3%, portée par la hausse de 7% de la valeur ajoutée agricole, sous l'hypothèse d'un retour à une production céréalière moyenne, alors que la croissance des activités non agricoles décélèrerait à 2,4%, pâtissant en particulier de la détérioration de l'environnement externe. En 2024, la croissance se situerait à 3,2%, recouvrant des accroissements de 1,8% de la valeur ajoutée agricole, sous l'hypothèse d'une production agricole moyenne et de 3,5% de celle des activités non agricoles. «Sur le plan des comptes extérieurs, l'année 2022 est marquée par une forte dynamique des échanges et une augmentation notable des recettes voyages et des transferts des MRE. Les exportations ressortiraient ainsi en amélioration de 32,3%, tirées essentiellement par les ventes du phosphate et dérivés, à la faveur de la hausse des cours, et de celle du secteur de l'automobile. Leur progression décélèrerait à 2,7% en 2023, avec des baisses pour le phosphate et dérivés et les produits agricoles et agroalimentaires, avant une quasi-stagnation en 2024», pronostique BAM. En parallèle, les importations augmenteraient de 38,4% en 2022, recouvrant essentiellement un alourdissement de 102,1% de la facture énergétique à 153,2 milliards de dirhams, un accroissement des achats des demi-produits et un rebond de 89,9%, à 27,2 milliards de dirhams des approvisionnements en blé. Elles devraient se replier de 3% en 2023, avec notamment des diminutions de 13% de la facture énergétique et de 41,2% des approvisionnements en blé, puis progresser de 1,1% en 2024. Devises S'agissant des recettes voyages, elles termineraient l'année avec un bond record à 88,8 milliards de dirhams après 34,3 milliards en 2021, et connaîtraient une quasi-stagnation en 2023 puis une amélioration de 5,5%, à 94,1 milliards en 2024. Pour leur part, les transferts des MRE ressortiraient en augmentation de 12,9%, à 105,8 milliards de dirhams en 2022, reculeraient de 4% à 101,5 milliards en 2023, en raison notamment de la détérioration des conditions économiques dans les pays d'accueil, puis s'inscriraient en hausse atteignant près de 104 milliards de dirhams en 2024. Dans ces conditions, le déficit du compte courant se creuserait de 2,3% du PIB en 2021 à 3,3% en 2022 avant de s'atténuer à 2,1% en 2023 puis à 1,9% en 2024. Concernant les IDE, les recettes avoisineraient l'équivalent de 3% du PIB cette année et 3,2% du PIB annuellement sur les deux prochaines années. Au total, et sous l'hypothèse notamment de la concrétisation des financements extérieurs prévisionnels du Trésor, les avoirs officiels de réserves s'établiraient à 341,7 milliards de dirhams en 2022 avant de s'élever à 362,9 milliards à fin 2023 puis à 371 milliards en 2024. Ils représenteraient ainsi l'équivalent de 5 mois et 18 jours d'importation de biens et services en 2022 et près de 6 mois au terme de 2023 et de 2024. A noter enfin que le conseil de BAM a validé le budget de la banque pour l'exercice 2023 en plus de l'approbation de la stratégie de gestion des réserves de change et le programme d'audit interne. Etapes du projet Maintien. Au cours du 1er trimestre 2022, BAM avait annoncé le maintien du taux directeur à son niveau de 1,5% pour continuer à soutenir l'activité économique. Hausse. Au 3ème trimestre 2022, le conseil décide de relever le taux directeur de 50 pbs à 2%, pour prévenir tout désancrage des anticipations d'inflation. Acte II. Lors de sa dernière réunion de l'année en cours, BAM officialise sa décision de relever le taux directeur de 50 pbs. Le taux repasse donc à 2,5%. Agenda. Le conseil de BAM a arrêté les dates de ses réunions ordinaires au titre de 2023 aux 21 mars, 20 juin, 26 septembre et 19 décembre. ILS ONT DIT «Parmi les missions des banques centrales figurent la lutte contre l'inflation, la juguler et ramener les prix à un niveau qui soit compatible avec une croissance inclusive et durable à l'heure où le pouvoir d'achat et la croissance sont du ressort du gouvernement». «Il est impératif de commencer par consolider davantage la stabilité des cadres macroéconomiques. La succession de crises a réduit les marges de manœuvre dans quasiment tous les pays». «Les moments de crises ne sont pas constitués que de difficultés et de chocs auxquels nous devons faire face, mais représentent également des opportunités pour réformer les finances publiques, afin de les assainir et de reconstituer des marges de manœuvre».