Le traitement par hémodialyse implique une lourde charge financière. Selon le professeur Amal Bourquia, la transplantation rénale reste la méthode de choix de traitement de l'IRC. La perte financière globale due au traitement par dialyse que va subir l'économie nationale serait, pour l'année 2005, de l'ordre de 808,69 millions de dirhams. C'est ce qui ressort de l'étude pharmaco-économique, réalisée récemment par le professeur de néphrologie Amal Bourquia. L'auteur a voulu à travers cette analyse économique de la greffe rénale et de la dialyse mettre en exergue la nécessité de développer la transplantation rénale au Maroc et de mettre en place un programme national de la greffe. Selon l'auteur de ce document de 48 pages, les patients ainsi que l'Etat gagnent au change. La dialyse ou l'épuration artificielle du sang, méthode thérapeutique dans le traitement de l'insuffisance chronique rénale (IRC), implique de lourdes charges financières. Le coût annuel du traitement est estimé en moyenne, selon la même source, à plus de 140 000 dirhams. "Les dépenses pour l'hémodialyse sont évaluées à 140 400 dirhams en moyenne par an. Ce chiffre n'inclut que le coût de la séance de dialyse sans tenir compte des autres dépenses, à savoir les médicaments nécessaires, les bilans biologiques ou radiologiques, l'hospitalisation pour d'éventuelles complications. L'hémodialyse a des répercussions négatives sur le rendement du travail des dialysés. Le taux de rentabilité et de productivité diminue de près de 50 % chez les hémodialysés en raison de l'absentéisme, la fatigue et les complications qu'engendre leur maladie. Il faut noter que le nombre d'heures consacrées à la dialyse en moyenne est de 40 heures par mois. De plus que la majorité de la population dialysée est jeune et active. Ainsi, la perte en termes de rendement des patients en activité sous dialyse pour l'année 2005 est évaluée à plus de 28 millions de dirhams.", indique Pr. Amal Bourquia. Par ailleurs, ces importants chiffres iront crescendo dans les années à venir. Actuellement, on estime à 10.000 le nombre de personnes atteintes d'insuffisance rénale, tandis que le nombre approximatif de patients traités par hémodialyse dans les centres marocains, en 2005, est de 4000 personnes. Sachant que le taux d'incidence moyenne de l'IRC dans le monde est de 100 nouveaux cas par an, l'infrastructure sanitaire de dialyse au Royaume devrait accueillir près de 3000 personnes souffrant de l'IRC. "Le nombre de malades nécessitant la dialyse augmente d'année en année. Ainsi, le coût annuel de 140 millions de dirhams va s'ajouter régulièrement aux frais déjà engagés. La charge financière sera de pus en plus lourde pour les mutuelles et les organismes de couverture médicale, et restera également un lourd fardeau pour la personne malade qui se trouve contrainte de recourir à ses propres fonds ou à celui de ses proches.", lit-on dans l'ouvrage du professeur Amal Bourquia. Ainsi, conclut l'auteur, le moyen alternatif thérapeutique demeure la greffe rénale. Selon la présidente du "REINS", association de lutte contre les maladies rénales, le recours à la transplantation rénale est très important à plus d'un titre. "La greffe rénale est une nécessité car elle présente plusieurs avantages. Sur le volet financier, elle est moins chère. Le coût d'une greffe sans complications est évaluée à 250 000 dirhams en plus un forfait de traitement de 8000 dirhams pour l'année de greffe. Elle est également bénéfique en terme de qualité de vie pour la personne malade. Elle permet au patient de recouvrir sa santé et de retrouver une vie quasi normale. Cette méthode de choix a également un avantage économique. Si nous atteignons en 2006 un taux de greffe de 1 % par rapport au nombre des insuffisants rénaux ayant un travail à savoir 59 greffes, nous récupérons sur les 9 ans suivants, y compris l'année de greffe, environ 49 millions de dirhams du coût qu'aurait coûté l'hémodialyse. En plus de la récupération de la valeur de travail, qui pourra être de l'ordre de 6 millions de dirhams.", souligne le Pr. Bourquia. Au Maroc, la transplantation rénale se trouve encore dans sa phase embryonnaire. Selon l'analyse pharmaco-économique, la première greffe rénale au Maroc a été réalisée en février 1986 au CHU Ibn Rochd à Casablanca. Et depuis cette date, seule une centaine de greffes à partir de donneur vivant a été pratiquée : 63 à Casablanca et 32 à Rabat, en grande partie grâce à une collaboration française. "La transplantation rénale n'est même pas enseignée dans nos facultés de médecines.", déplore le Pr. Bourquia. "La greffe de rein doit bénéficier d'une stratégie de développement dans la mesure où l'offre a un intérêt non seulement médical mais aussi économique. La greffe rénale est un combat national.", conclut-elle.