La région du nord irakien traverse une période de développement accéléré d'un Etat kurde «en marche». Une situation pour le moins particulière. La presse israélienne, -à travers le quotidien très populaire Yediot Aharonot et de grande diffusion-, a dévoilé, jeudi et vendredi derniers, un véritable secret : A la frontière du Nord de l'Irak et de la Turquie, des anciens d'une unité d'élite de Tsahal (armée israélienne), sous le couvert d'experts agricoles ou de spécialistes de la construction de routes, avaient pour mission de former un corps d'élite de Kurdes irakiens, pour la lutte contre les actions terroristes. «Le secret de leur présence dévoilé, les Israéliens partent», intitule son reportage, Zadok Yehezqueli, dans Yediot Aharonot. En effet, les Israéliens ont dû se replier, après la confirmation par le quotidien israélien de leur présence, qui avait été citée, déjà, par un journal américain, il y a quelques mois. Les groupes israéliens auraient laissé, derrière eux, des tonnes de matériel d'entreprises de routes israéliennes qui les employaient, contre quelques millions de dollars des Américains. Les dirigeants kurdes étaient impressionnés par de nombreuses années de coopération clandestine avec Israël. Ils savaient qu'ils pouvaient bénéficier d'instructeurs expérimentés, de «véritables renards du désert», disent-ils, rompus à la lutte contre le terrorisme et «non des vétérans gâtés sortis des écoles de guerre américaines». Le journal populaire, précise que le 20 mai 2004, le député travailliste (en cours de transfert chez Sharon). Dany Yatom, général très connu en sa qualité de conseiller militaire d'Itshac Rabin, puis directeur du Mossad (Services spéciaux) sous Ehoud Barak, était accompagné de l'ancien Chef du Shabak (Services de sécurité de l'Armée), le général Yaacov Péri, et d'autres anciens spécialistes de la lutte contre le terrorisme. Toute cette équipe du plus haut niveau militaire, était réunie, à Tel Aviv, par un mystérieux homme d'affaires israélien qui dispose, également, d'un passeport américain. Il s'agit, précise Yediot Aharonot, de Michaelovitch, ancien du Mossad (Services spéciaux), fondateur d'une société de conseil stratégique : INTEROP. Cette société est déclarée «spécialisée dans la fourniture de solutions opérationnelles, logistiques et stratégiques au profit de décideurs à travers le monde». Cette société à caractère commercial et de service de sécurité au plus haut niveau, est déclarée «en mesure d'offrir un soutien et une définition des objectifs des gouvernements étrangers dans les projets d'infrastructure, de moyens de sécurité et de services de renseignements». (Zadok Yehezqueli). Depuis cette opération, Michaelovitch évite tout contact avec la presse et fait tout pour préserver une absolue discrétion autour de ses affaires spéciales: au point que nul ne dispose de sa photo, précise Yediot Aharonot. A sa demande, son ami du temps de l'armée, Dany Yatom a établi des contacts avec un homme d'affaires en Europe, - en profitant de ses anciennes relations, en mesure d'établir des rencontres avec les dirigeants kurdes à Washington. Ces responsables kurdes avaient sollicité l'aide des Israéliens, précise le reporter du journal, pour améliorer leur lobby auprès des autorités américaines. Dany Yatom a tenu à confirmer qu'il avait, évidemment, coupé tout lien avec cette société en opération au Kurdistan irakien, dès son élection à la Knesset (Parlement), en 2003. De fait, avant la signature d'un contrat d'instruction et d'entraînement avec les Kurdes-Irakiens. Certains continuent à prétendre que Dany Yotam aurait continué, dans les coulisses à garder des intérêts financiers dans la société, mais sans y jouer le moindre rôle actif. Début 2004, un contrat était signé avec le gouvernement Barazani. Il prévoyait, outre la construction d'un aéroport international, à Irbid, dans le nord de l'Irak et l'instruction de troupes à la lutte contre le terrorisme. A l'époque, rapporte l'enquêteur du journal, des dizaines d'Israéliens débarquèrent discrètement, «évitant de parler, entre eux, en hébreu pour ne pas attirer l'attention d'Al Qaïda et des Iraniens». En vérité, depuis l'éviction de Saddam Hussein, le nord de l'Irak, pour ses 6 millions d'habitants Kurdes, était devenu une zone autonome, non officielle. D'autant qu'ils n'avaient, jamais, caché leur aspiration à l'indépendance. Au grand dam de la Turquie qui craint, de son côté, la contagion à l'égard de ses 20 millions de citoyens d'origine kurde. La région du nord irakien traverse, de plus, une période de développement accéléré d'un Etat kurde «en marche». La situation particulière attire des sociétés étrangères qui veulent prendre part aux énormes travaux de constructions financés par les Américains et les organisations, au profit des Kurdes. Dans cette prospérité, les Israéliens ne sont pas absents, aux côtés des Américains, des Allemands, des Japonais et des Coréens. Le plus grand projet, véritable joyau de la couronne, ajoute l'enquêteur du journal, sera la construction de l'aéroport international qui est à doter des systèmes de protection les plus perfectionnés. C'est pourquoi « la carte maîtresse des Israéliens dans cette rude concurrence, - leur arme secrète -, était la présence de noms prestigieux d'anciens combattants contre le terrorisme, d'anciens du Mossad et du Shabak » (Zadok Yehezqueli). La construction de l'aéroport sera achevée, au bout de quelques mois, par des experts israéliens, dans la plus grande clandestinité et sans aucune cérémonie officielle d'inauguration. De nombreuses sociétés israéliennes auront participé à cette opération, mais la construction de l'aéroport, précise le journal, n'était que la partie visible du projet. Loin de toute agglomération et de regards indiscrets, un camp d'entraînement était monté dans le désert, pour la formation d'unités et de commandos de lutte contre le terrorisme. Au départ, les instructeurs ne parlaient qu'en anglais, mais très vite leur véritable identité sera connue des recrues kurdes : hommes et femmes. Vis-à-vis de l'extérieur, le secret restera bien gardé, jusqu'à sa révélation par l'enquêteur du journal Yediot Aharonot, qui allait marquer la fin d'une épopée. Le ministre israélien de la Défense, affirme qu'aucune autorisation n'a été donnée à des sociétés israéliennes d'œuvrer en Irak. Donc, toute activité, - si elle a eu lieu -, s'est faite à titre privé et sous la seule responsabilité de ses éventuels auteurs: d'autant que, selon le ministère, il était interdit aux citoyens israéliens de se rendre dans des zones déclarées « un danger pour leur sécurité »... Dans un supplément du vendredi dernier, Sadok Yehezqueli écrit, encore dans le journal Yediot Aharonot, sous le titre «Craintes d 'une atteinte aux relations entre Israël et la Turquie». Selon l'enquêteur, les révélations concernant la présence d'instructeurs israéliens, appartenant à des sociétés privées de sécurité, dans la zone autonome kurde au nord de l'Irak, ont créé une tension entre la Turquie et Israël. Le ministre des Affaires étrangères, Sylvain Shalom a envoyé des messages d'apaisement aux Turcs, en expliquant que son gouvernement était opposé à toute intervention au nord de l'Irak, aucune autorisation n'ayant été donnée à un facteur officiel israélien. Les Turcs, à Ankara, s'inquiètent, cependant de la facilité avec laquelle des citoyens israéliens ont pu passer leur frontière avec l'Irak. Il est intéressant de relever que les révélations de Yediot Aharonot ont été reproduites dans des centaines de journaux du monde occidental (Amérique et Europe) et du monde arabo-musulman.