Marwan Barghouti a été élu, avec 96% des suffrages, vendredi dernier, comme le candidat numéro un aux élections primaires du Fatah. Une «explosion» est constatée, en Israël, entre le président du parti travailliste et son prédécesseur. Shimon Peres demande à Amir Peretz de l'inscrire sur la liste électorale des travaillistes aux élections législatives du 28 mars 2006, sans avoir à se présenter au vote des primaires: à la seconde place. Peretz lui propose la l2èmè place! Seule la présidence d'honneur du parti lui est proposée sans vote... En attendant de répondre, Shimon Peres retarde sa démission du gouvernement Sharon. Il s'envole vers le Forum Euro-Méditerranée de Barcelone et annonce sa décision définitive de rejoindre le nouveau parti de Sharon, «Kadima», à son retour en Israël. En attendant, son frère Guigui Peres, pour laisser prévoir la réponse de son aîné, d'autant que son amie politique et inséparable Dalia Itsik, ministre de la Communication, voire Raphy Edery, très lié à Dalia Itsik sur le plan professionnel, va-t-on jusqu'à dire avec exagération... Il compare Amir Peretz au Général espagnol Franco. Pour lui, dit-il à la radio militaire : «Amir Peretz a pris le pouvoir du parti de mon frère, comme le Général Franco l'a conquis, en Espagne, avec l'aide de troupes marocaines». Selon Guigui Peres, Amir Peretz avait rejoint le parti travailliste, l'an dernier, seulement, avec son groupe de 3 parlementaires, «Am Ehad», (Un seul peuple). Ce petit parti a «agi comme une cinquième colonne au sein du parti travailliste». Son jeu était clair, les gens du parti «Am Ehad», «comme les phalanges en Afrique du Nord du Général Franco, ont pris le pouvoir». Voilà une opinion, pour le moins raciste, mais heureusement ridicule et, donc, sans effet… Sur la plan palestinien, par ailleurs, une autre « explosion» : Marwan Barghouti a été élu, avec 96% des suffrages, vendredi dernier, comme le candidat numéro un, aux élections primaires du Fatah. Sa candidature avait été présentée par son épouse avocate, à Ramallah. Il s'agit d'une première expérience dans la démocratisation de la société palestinienne. D'autant que ce score, serait digne, de l'époque de Yasser Arafat, aux prochaines élections législatives palestiniennes du 25 janvier 2006. A la suite de ce succès sans précédent, les Palestiniens espèrent que les Israéliens amendent son verdict et le libèrent. Et à cet effet, il faudra s'attendre à une pression des Chefs d'Etat arabes et internationaux. En Israël, le chef du parti de gauche, Yossi Beilin estime que l'heure de la démence et de la sagesse est arrivée, et ajoute: «Barghouti est le chef de camp palestinien qui prône la paix, Il faut le libérer pour lui permettre de prendre la direction du Peuple palestinien et de l'amener vers un accord de paix historique. La victoire de la jeune génération, par rapport à celle de Yasser Arafat, est un pas important dans le processus de démocratisation que traverse l'Autorité palestinienne, dans sa voie vers la transformation en un Etat». Le ministre des Affaires étrangères, Sylvain Shalom, réagit, à l'inverse, immédiatement : «Barghouti est un assassin, avec du sang sur les mains. Il a été condamné cinq fois à perpétuité, Il ne sera jamais «libéré». Pourtant, au cours des dernières années, la popularité de Marwan Barghouti n'a pas cessé de grandir. Le fondateur du Tanzim (mouvement armé du Fatah), a été élevé au rang de «Nelson Mandela palestinien». Il est né à Ramallah, il y a 47 ans. A l'âge de 15 ans, il s'est joint au Fatah. Arrêté, il a appris l'hébreu en prison, Après ses études à l'université de Bir Zeit, il participa à la première Intifada. Il fut expulsé en Jordanie, en 1988, et revint dans les territoires palestiniens, en 1994, à la suite des accords d'Oslo. En 1995, il avait été élu Chef du Fatah en Cisjordanie, et l'année suivante, il fonde le Tanzim. Dans la seconde Intifada, en 2000, après s'être opposé au début du terrorisme, il y a lancé, également, ses hommes et entra dans la clandestinité jusqu'à son arrestation, le 15 avril 2002, dans le cadre de l'opération «Remparts de défense». En 2004, il fut condamné à perpétuité, cinq fois, plus une peine de 40 ans «pour cinq assassinats et une tentative d'assassinat». En prison, il a continué à tirer les ficelles de son mouvement le Tanzim : il donna sa bénédiction à la «Houdna» de 2003 et à la trêve actuelle. Les autorités israéliennes, sans le proclamer, lui permettaient de maintenir, à partir de sa prison, des contacts avec l'extérieur. Avant l'Intifada, il était, déjà, le préféré des milieux de la paix en Israël. Après son arrestation, il n'a, jamais, tourné le dos à la solution des deux Etats. Le chef d'état-major de l'époque, Shaül Mofaz qui était à l'origine de son arrestation, contre l'avis du ministre de la Défense, -Fouad Ben Eliezer-, a peut-être eu raison, disent ses amis au niveau de la justice, car les hommes de Barghouti étaient impliqués dans des opérations terroristes. Mais est-ce sage d'arrêter leur chef modéré? Mahmoud Abbas est faible et à son âge, n'a pas de liens avec le terrain. Les mouvements islamistes n'ont pas de relation avec les objectifs politiques. Marwan Barghouti est actuellement l'homme le plus influent sur la nouvelle génération intermédiaire : «Celle qui se bat contre Israël et qui sait devoir, un jour, vivre à ses côtés». Un analyste du journal populaire Yediot Aharonot, Roni Shaked, ajoute: «C'est l'homme le plus populaire dans les territoires palestiniens. Et chaque jour de plus en prison, ne fait que renforcer son prestige. A présent, il est impossible de le libérer après que le tribunal ait rendu son verdict. Mais sans sa libération, il faudra encore plus de temps pour voir apparaître quelqu'un d'autre à son niveau». D'ailleurs, quelques temps après l'arrestation de Marwan Barghouti, le commandant des renseignements militaires, le général de l'air Amos Malka, n'a pas hésité à qualifier cette opération de «bêtise», ... qu'il est difficile, à présent, de corriger. Cela ne pourra se faire a dit, Meir Chétrit, ministre des Transports du Likoud, ayant rejoint le parti de Sharon, que «dans le cadre d'un accord global». La victoire de Marwan Barghouti et de ses amis, aux élections primaires du Fatah «était prévisible. Les représentants de la vieille génération de Tunis, -comme Abou Ala (Ahmed Qorei)-, se sont abstenus, en majorité, de se présenter ou ont été battus», précise l'éditorialiste de Haaretz, Dany Rubinstein. Même l'échec de l'organisation des élections était prévu, puisque le scrutin n'a pu avoir lieu que dans six secteurs. Dans les autres secteurs, le vote a été repoussé. A cause de son maintien en prison, Marwan Barghouti est considéré, en raison de sa popularité, comme un candidat populaire, pour succéder à Mahmoud Abbas (Abou Mazen) ! Donc, la liste des candidats du Fatah aux prochaines élections législatives du 25 janvier 2006, sera celle des vétérans de l'Intifada, du Tanzim et des Régiments d 'AI Aqsa, - en majorité des anciens prisonniers- et non les anciens de Tunis ... Mais il est vrai qu'à Gaza, les primaires du Fatah, -tirs, incendies d'urnes ou vol de leur contenu-, a, lundi dernier, obligé des dirigeants du grand mouvement concerné, de demander l'annulation totale du scrutin pour la désignation des candidats du Fatah, aux élections législatives prévues le 25 janvier 2006. Certains vont jusqu'à demander l'annulation des scrutins réguliers tenus en Cisjordanie. La conclusion d'autres est que dans la Bande de Gaza, face à la cohésion du parti adverse, le Hamas, le Fatah aurait moins de chances d'être, sans cesse, le grand parti qui contrôle, aujourd'hui, l'Autorité palestinienne.