Lors d'une autre émission consacrée aux banlieues, seul sujet sur tous les écrans, on a eu droit à des propositions du genre «il faut les mettre en apprentissage très tôt parce que l'école ce n'est pas leur truc». Le couvre-feu n'a été prononcé que 3 fois dans l'histoire moderne de la France : en Algérie en 55, en Nouvelle Calédonie après le massacre de Noumia et dernièrement pour calmer les banlieues qui, jusqu'à plus informé, ne demandaient pas l'indépendance. La gravité de la mesure laisse entendre la gravité des faits. A l'honneur de la République française, ces mutineries n'ont pas fait de morts. Mais cette crise a mis à nu un courant droitier qui n'a rien à envier à Le Pen. Jugez-en vous-même. • Sur LCI un consultant souvent censé ose dire que «ce mouvement est de caractère islamique, la preuve c'est qu'il n'y a aucune femme parmi les émeutiers». Christophe Cambadélis réagit violemment à cette ânerie. • Lors d'une autre émission consacrée aux banlieues, seul sujet sur tous les écrans, on a eu droit à des propositions du genre «il faut les mettre en apprentissage très tôt parce que l'école ce n'est pas leur truc», ou encore «il faut sucrer les allocs aux parents». Le ridicule ne tue plus, il met même un homme dangereux en tête des sondages. Sarkozy, qui a été le pyromane et qui a joué aux pompiers, a théorisé la bêtise née de l'angoisse. Pour lui le problème est que les USA choisissent leurs émigrés et n'ont que les meilleurs, les prix Nobel par exemple, alors que la France n'a que les mauvais. Il n'a pas osé dire la racaille cette fois. Il refuse de voir le problème autrement même si les émeutiers sont quasiment tous français. Pour adoucir la pilule, il parle d'une discrimination positive mais sans quota, précise-t-il. Il cite un chiffre faramineux, «l'économie parallèle dans les cités représente 90 milliards d'euros», personne ne peut croire que le vol de becane et le petit deal rapportent autant. Et bien si, il ne s'est pas trouvé un seul journaliste pour relever que le chiffre est farfelu. Dans ce climat, gauche et droite démocratique laissent passer des idées peu en rapport avec l'héritage de la République française. Le désarroi est tel que les mêmes intervenants font référence à 3 ou 4 analyses contradictoires en même temps. Le mot indigène est cité plusieurs fois par des hommes de bonne volonté, voulant stigmatiser l'exclusion. Il est choquant mais voyons de plus près. Une enseignante qui dit que les adolescents ne peuvent pas descendre à Paris «parce qu'ils n'ont pas le langage » c'est déjà inquiétant. Mais quand la République par le biais de ses responsables dit qu'il faut s'en remettre aux grands-frères, une catégorie sublimée depuis le début des émeutes, n'est-elle pas en train d'accréditer la thèse des indigènes. Car qu'est-ce que cela cache sinon qu'il faut dégager une élite capable de maintenir le calme comme du temps des colonies ? Quand le ministre de l'Enseignement explique l'échec scolaire par « les difficultés économiques mais aussi des contraintes culturelles», parle-t-il de citoyens français ? Ce malaise est profond et il va marquer la société française pendant longtemps. Mis à l'index, l'enfant d'immigré musulman, les Chinois ne posent pas de problème, aura encore plus du mal à se sentir français, à quitter sa misérable cité et chercher à s'intégrer ailleurs. A l'inverse, la politique de Sarkozy ne fait que renforcer les barrières. Sans pour autant que cette ligne ne lui profite lors des présidentielles puisqu'en politique, adopter le discours d'un concurrent renforce celui-ci. C'est Le Pen qui voit son fonds de commerce fleuri. Cette crise nous concerne parce qu'elle met en jeu l'avenir de centaines de milliers de Français d'origine marocaine. On n'a pas entendu nos officiels sur le sujet et ils ont bien fait. Par contre cela ne les dispensera pas de la réflexion autour de la problématique de l'intégration dans les pays d'accueil. Ils savent bien que c'est la seule issue viable.