Quatre mois après son arrivée au pouvoir, le Colonel Ely Ould Mohamed Vall se rend au Maroc, à l'invitation de SM le Roi Mohammed VI. Une visite d'amitié, riche en symboles et qui a pour cadre Marrakech, l'ancienne capitale des Almoravides. C'est une visite d'amitié qu'entreprend à partir de ce lundi 21 novembre au Maroc, le président mauritanien Ely Ould Mohamed Vall, à l'invitation de SM le Roi Mohammed VI. Au programme de ce sommet étalé sur deux jours, une série d'entretiens entre sa Majesté, le Roi Mohammed VI et le président mauritanien. Un dîner officiel sera offert par le Souverain en l'honneur de son illustre hôte et de la délégation officielle l'accompagnant. Le contexte de cette rencontre est particulier tant pour le Maroc – où viennent de s'achever les célébrations du cinquantenaire de l'indépendance que pour la Mauritanie où le nouveau régime s'est fixé comme objectif de jeter en deux ans, les fondements d'un Etat démocratique, égalitaire et réconcilié avec lui même. Un chantier en cours et qui se construit en concertation avec les partis politiques et la société civile. Autant pour le gouvernement que pour ces différents acteurs, la mission n'est pas de tout repos. A l'heure même où s'effectue cette visite du président Ould Vall au Maroc, Nouakchott est en train d'accoucher d'une Commission nationale électorale indépendante (CENI), chargée de superviser les prochaines élections. Parmi les points saillants à l'actif du nouveau régime, une amnistie générale à l'origine du retour d'un certain nombre d'exilés politiques, une prudente et difficile campagne d'assainissement économique (l'ancien régime laisse une ardoise de 80 milliards d'ouguiyas) et le pilotage jusque-là sans fausse note d'une transition qui avance en contournant certains obstacles comme le passif humanitaire hérité des années de braise (1989-1991). En relation avec ce thème délicat, une marche de soutien aux déportés mauritaniens était prévue à Nouakchott, à l'appel d'un parti politique. Soucieux de mener à bien la transition, le président mauritanien souhaite léguer ce dossier très polémique au futur président issu des élections de 2007. Sur le fond, le challenge reste inchangé : la construction d'un Etat démocratique avec des règles de jeu transparent. Une œuvre de Titan qui explique sans doute pourquoi, depuis son arrivée dans le Palais le plus convoité en Mauritanie, le Colonel Ely Ould Mohamed n'a eu à franchir les frontières de son vaste pays (deux fois plus large que la France) qu'en deux occasions. D'abord une visite éclaire en Gambie, où son prédécesseur, avait fait une longue escale sur le chemin de son exil qatarie. Puis, un séjour en Tunisie dans le cadre du Sommet sur la société de l'information. Le Maroc est donc le premier pays directement frontalier avec la Mauritanie à accueillir Ely Ould Mohamed Vall. Que cette visite ait pour cadre Marrakech, fondée par les illustres Almoravides (références dont se réclament les manuels scolaires des deux pays) n'illustre encore qu'assez bien les liens historiques et cultuels unissant les deux pays. Le Royaume qui avait gardé un silence constructif et diplomatique, au lendemain du putsch, a été le premier pays à envoyer un émissaire au nouveau régime. Les relations entre les deux pays sont donc au beau fixe, comme en témoigne l'existence de la Haute commission mixte de coopération présidée par les deux Premiers ministres et les nombreux accords dans plusieurs secteurs d'activités. La prochaine transsaharienne qui devra relier Tanger, à Nouadhibou, à Nouakchott, à Rosso et à Dakar, donnera sans doute une nouvelle impulsion aux activités économiques entre les deux pays.