Une étudiante âgée de vingt et un ans, fille d'un avocat du barreau de Casablanca, a commis un hold-up dans une agence bancaire au quartier Bourgogne, à Casablanca. Mardi 1er novembre, vers 10 h 30mm. Le caissier d'une agence bancaire, située au quartier Bourgogne à Casablanca, est absorbé par son travail quand une personne, visiblement une femme, fait soudain irruption avec un couteau à la main. La jeune personne porte une djellaba noire, des lunettes de la même couleur et cache son visage avec un châle gris. Elle a mis la main sur un paquet renfermant la bagatelle de 70.000 DH qu'un client vient de verser et prend la poudre d'escampette. Alerté, le directeur de l'agence, accompagné du caissier ont couru derrière le voleur. En vain. Quelques mètres plus loin, ce dernier jette le paquet et continue sa course pour disparaître. Le directeur et le caissier retournent à la banque avec l'argent volé. Soulagé, le directeur décide de fermer la porte de l'agence à clé avant d'alerter ses supérieurs et la police. Quelques minutes plus tard, le même voleur, le visage toujours masqué, revient. Bizarre. Il commence à frapper énergiquement à la porte. Qu'est-ce qu'il veut au juste? Il réclame un sac à main qu'il a oublié à l'intérieur de l'agence. La voleuse s'est trahie. Elle a oublié son sac dans l'action. Une amatrice. Elle ne réussira pas à le récupérer. Alertés, les éléments du 10ème arrondissement de police de Casa-Anfa se dépêchent sur les lieux. Ils saisissent le sac à main. Celui-ci contient un livre, des journaux, du maquillage et une carte de guichet bancaire. Ce sac appartient-il à celle qui venait de braquer la banque? L'enquête commence. L'affaire a été confiée aussitôt aux éléments de la police judiciaire préfectorale de Casablanca. Une heure plus tard, une jeune étudiante de vingt et un ans se présente devant le chef du 3ème arrondissement de police de Casa-Anfa. Elle se plaint d'avoir fait l'objet d'une agression perpétrée par un individu, au visage caché et portant des vêtements noirs. Elle lui a dérobé son sac avant de s'enfuir. Les éléments de la brigade judiciaire qui ont pris l'affaire en main n'ont pas donné crédit aux paroles de l'étudiante. En effet, un criminel revient rarement sur le lieu du crime pour chercher ce qu'il avait oublié ou effacer un indice compomettant. Or la jeune plaignante n'a réussi qu'à mettre la puce à l'oreille aux policiers. Et sans perdre de temps, ils l'accusent. «Je suis innocente», crie-t-elle haut et fort. Son père, un avocat du barreau de Casablanca, ne croit pas que sa fille ferait une chose pareille. D'abord parce qu'elle n'a pas besoin d'argent. Il paie 2000 dirhams par mois pour son enseignement dans une école privée, située au boulevard Moulay Youssef. La jeune fille mène une vie aisée. Ensuite, elle jouit d'une bonne réputation aussi bien au sein de sa famille qu'à l'école. Tout le monde l'apprécie. Mais les enquêteurs ont fait confiance à leur intuition. Pour cela, ils se sont rendus sur les lieux du crime pour tenter de trouver d'autres éléments leur permettant de mettre la main sur le vrai accusé. Sur place, deux jeunes hommes qui avaient suivi le voyou se sont présentés devant eux. Ils leur ont expliqué qu'après le retour du voleur à l'agence bancaire pour réclamer son sac, ils l'ont suivi et l'ont attrapé pour lui dévoiler le visage. Ils étaient surpris de découvrir que le voyou était une jeune fille. Ils l'ont relâchée ensuite. Parmi d'autres jeunes filles, les deux témoins ont reconnu la jeune étudiante pointée du doigt. Devant son père, avocat de son état, elle craque et passe aux aveux.. Pourquoi a-t-elle commis ce crime alors qu'elle ne manquait de rien ? «Pour jouer », a-t-elle dit aux enquêteurs. Un jeu dangereux qui l'a conduira en prison, un lieu où elle aura tout le temps de ruminer son malheur.