Malgré les appels au calme, les émeutes se sont aggravées en France. En dix jours, 1300 véhicules ont été brûlés et plus de trois cents personnes interpellées. La région parisienne connaît une véritable descente aux enfers. Malgré les appels au calme qui n'ont cessé de se multiplier, les violences en banlieue parisienne vont crescendo. Dix jours d'émeutes non-stop. D'après un bilan définitif de la direction général de la police nationale, environ 1300 véhicules ont été incendiés. 312 personnes ont été interpellées, selon ce bilan. Les appels au calme ont été émis de partout. Samedi, les parents des deux jeunes de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) dont la mort par électrocution le 27 octobre avait servi de détonateur aux émeutes ont lancé un appel dans l'espoir d'apaiser les esprits. Le gouvernement français a, quant à lui, opté pour l'union sacrée tout en restant ferme. À Matignon, le Premier ministre a réuni samedi huit de ses ministres avant de recevoir le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, pour faire le point sur la situation. L'Elysée a indiqué de son côté que le président de la République Jacques Chirac était en «liaison multi-quotidienne avec le Premier ministre et qu'il s'exprimerait sur les violences urbaines le moment venu, s'il l'estime nécessaire». Si de Villepin ne s'est pas lui-même exprimé devant la presse, il a demandé à plusieurs de ses ministres de prendre la parole pour marteler un même message de fermeté. «Le gouvernement est unanime sur la fermeté,» a ainsi souligné le ministre de l'Intérieur à sa sortie de Matignon. «La violence, ce n'est pas acceptable (...) Chacun doit comprendre que mettre le feu à un véhicule, c'est injuste à l'endroit du propriétaire du véhicule et ça peut coûter cher en termes de condamnation,» a-t-il ajouté. Rappelons que les propos de Sarkozy, tenus lors d'une interview avec une chaîne française, avait suscité la colère de l'opinion publique et de sévères critiques qui ont émané de tout part. Sarkozy avait qualifié les émeutiers de «voyous» et de «racailles». Alors que le gouvernement avait laissé apparaître au grand jour, en début de semaine, de profondes divisions sur la façon de gérer la crise, l'heure était plus que jamais samedi à l'affichage de l'unité. «La priorité aujourd'hui, c'est clairement le retour à la normale, c'est qu'en France, il n'y ait pas de zones de non-droit. C'est ce sur quoi l'ensemble du gouvernement, chacun dans ses responsabilités, est mobilisé sous l'autorité du Premier ministre et en travaillant la main dans la main avec Dominique de Villepin et le ministre d'Etat Nicolas Sarkozy,» a commenté Thierry Breton (Economie). Signe de la volonté de fermeté affichée par le gouvernement français face aux émeutiers, sept hélicoptères munis de puissants projecteurs et de caméras vidéo avaient été mobilisés dans la nuit pour dissuader les fauteurs de troubles. Cependant, ni ces nouveaux moyens matériels, ni les renforts en policiers n'ont semblé intimider les incendiaires, qui ont opéré au cœur même de la capitale, dans le 3ème arrondissement où quatre voitures ont été brûlées par un engin incendiaire. Les troubles, limités dans les premiers temps aux abords de Paris, se sont étendus à de nombreuses villes de province. Le bilan définitif de la direction générale de la police nationale fait état de 1.295 véhicules brûlés. Au total, 312 personnes ont été interpellées, contre 253 la veille. Le Figaro a montré des « portraits d'émeutiers » sur un décor de nuit enflammée. «Un mélange de délinquants récidivistes et d'émeutiers occasionnels », écrit le quotidien. D'après un chercheur cité par le journal, «la première raison de ces dérives se trouve dans le chômage des jeunes sans qualification. Or ce fléau touche près du tiers des enfants de l'immigration ». L'éditorialiste du journal Le monde, pour sa part, estime que « si le pays veut éviter le renouvellement de la catastrophe électorale de 2002, où Jean-Marie Le Pen avait été présent au second tour, il serait temps que ceux qui aspirent à le diriger oublient la politique-spectacle pour réfléchir sans complaisance aux banlieues et à la reconstruction d'une partie de la société française qui les attend.»