Des manifestations ont éclaté, mardi matin dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba, au lendemain de l'appel lancé par la principale formation de l'opposition, la Coalition pour l'unité et la démocratie (CUD) le 29 octobre. Des manifestants partis du Marcato, le plus grand marché du pays, malgré les avertissements des autorités, ont en effet investi les principales artères avoisinantes, a-t-on constaté sur place. D'importantes forces de sécurité et des camions transportant des soldats armés ont été déployés dans la ville et autour des principaux édifices publics et des organisations internationales. Immédiatement après, le transport public a été paralysé. Les transporteurs privés et les conducteurs de taxis, soutenant en général la CUD, ont arrêté en grande partie toute activité. Il en est aussi des commerces, des écoles et des supermarchés qui ont fermé, notamment dans les régions proches du Marcato et a Piessa. La manifestation qui aura duré plus d'une heure a été accompagnée d'actes de violence et de vandalisme, dont les traces (débris de glaces brisées, restes d'habits déchirés, et autres objets) ont été perceptibles après la dispersion des manifestants, des jeunes pour la plupart. Depuis l'ouverture début octobre des travaux du parlement élu, la tension est vive dans le pays. La CUD dont les députés ont boycotté l'assemblée a annoncé que des mesures "pacifiques de protestation contre la violation des droits de l'Homme dans le pays, l'arrestation de nombre de ses militants et la fermeture de ses bureaux" seront annoncées à l'approche de la fin du mois de Ramadan. Samedi dernier, le parti a annoncé une grève de cinq jours pour le 14 novembre et demandé à la population de boycotter certaines compagnies, détenues par des membres du parti au pouvoir, le Front populaire révolutionnaire éthiopien (EPRDF), de faire pression sur les représentations diplomatiques occidentales et de participer à toutes les actions décidées par le parti. Lundi matin, 30 conducteurs de taxis et de véhicules particuliers ont été arrêtés à Addis Abeba pour "tentative d'incitation à la violence", a annoncé la police de la ville. Tout en actionnant leurs klaxons, les conducteurs arrêtés circulaient sans cesse dans les principales artères de la ville avant de s'arrêter au centre-ville à "Maskal Square". Des bus de transport public ont été ensuite saccagés lors d'attaques perpétrés par des assaillants, ajoute-t-on de même source. Lundi, le conseiller du Premier ministre aux relations publiques, Bereket Simeon, a souligné la détermination du gouvernement de faire face à toute tentative de "le renverser ou de porter atteinte à l'ordre constitutionnel établi". Dès l'annonce des premiers résultats des élections du 15 mai dernier, l'opposition avait accusé le gouvernement de les avoir truquées et de lui avoir volé la victoire. Elle avait appelé à des manifestations en juin dernier, qui ont été réprimées par une intervention musclée des forces de sécurité, qui ont ouvert le feu sur les manifestants tuant une quarantaine de personnes dont des étudiants.