Le Maroc attire l'attention de l'Organisation des Nations Unies (ONU) sur la violation par le "polisario" de la zone-tampon, volontairement aménagée par le Maroc, dans le cadre du cessez-le-feu instauré en septembre 1991 et invite la Mission des Nations Unies au Sahara (MINURSO) à respecter les engagements pris à cet égard, a déclaré le Premier ministre, M.Driss Jettou. M. Jettou, qui s'exprimait, dimanche soir, lors d'une rencontre avec les différents représentants de la presse nationale et étrangère, a dénoncé, à ce propos, le regroupement par le "polisario" d'émigrés clandestins dans cette zone, partie intégrante du territoire national établie à des fins pacifiques et placée sous la responsabilité des Nations unies, et qui doit être vierge de toute présence militaire ou civile. Le Premier ministre a de même déploré l'attitude de l'Algérie et du "polisario" qui instrumentalisent le phénomène de migrations clandestines à des fins médiatico-politiques. L'Algérie et le "polisario", a-t-il ajouté, regroupent ces immigrés clandestins dans plusieurs localités particulièrement à Tindouf, le but étant de créer un lien entre ce phénomène et la question de l'intégrité nationale. Il a indiqué que le Maroc subit une pression croissante de flux migratoires à destination de l'Europe transitant par l'Algérie et déploie d'énormes efforts pour contrecarrer ce phénomène, et ce à travers la mobilisation des effectifs pour surveiller le littoral, le regroupement et le rapatriement des émigrés clandestins dans de bonnes conditions. Il a estimé à plus de 100 millions d'euros le coût de ces opérations d'ici la fin de cette année. M. Jettou a, à cet égard, ajouté que, dans le cadre de ses efforts visant à juguler ce phénomène, le Maroc accentuera l'aide directe aux pays subsahariens et continuera à assurer la formation professionnelle, académique et militaire des étudiants des pays amis d'Afrique au sud du Sahara. Le Royaume réitère son appel à la communauté internationale pour intensifier son aide et son assistance à ces pays pour qu'ils puissent endiguer le phénomène de la pauvreté et, partant, réaliser les objectifs du développement durable, a affirmé M. Jettou. Le Premier ministre a mis en relief les résultats positifs sur lesquels ont débouché les efforts du Maroc en matière de lutte contre l'émigration illégale, précisant que les flux migratoires ont accusé une baisse en 2004 et en 2005 respectivement de 25 et 40 %. Intervenant par la même occasion, M. Taib Fassi Fihri, ministre délégué aux affaires étrangères et à la coopération, a dénoncé à son tour l'exploitation par l'Algérie et le "polisario" de "cette tragédie humaine à des fins propagandistes". "Le polisario se découvre soudainement une vocation de contrôle d'espace et de gestion des flux migratoires, alors que des rapports internationaux crédibles et différents témoignages attestent de l'existence de trafics en tous genres organisés par ses soins", a-t-il dit. De son côté, le ministre de l'Intérieur, M. Al Mostafa Sahel, a fait savoir que les man uvres orchestrées par l'Algérie et le "polisario" tendent à discréditer et à nuire à l'image du Maroc. "Le polisario est une bande mafieuse qui profite de l'émigration clandestine et utilise cette carte humanitaire pour servir des desseins malsains". Revenant sur les efforts consentis par le Maroc dans ce cadre, M. Sahel a fait savoir que jusqu'à présent quelque 2.500 émigrés subsahariens ont été rapatriés par avion, affirmant qu'aucune violence n'a été commise à l'endroit de ces émigrés que ce soit pendant le regroupement ou durant l'opération de rapatriement.