Une enquête sur le cannabis au Maroc en 2003 vient d'être réalisée par l'agence pour la promotion et le développement des provinces du nord avec la collaboration de l'Office des nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Une enquête sur le cannabis au Maroc en 2003 vient d'être réalisée par l'agence pour la promotion et le développement des provinces du nord avec la collaboration de l'Office des nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Le fruit de ce partenariat a donné lieu à un rapport circonstancié sur la production et la commercialisation de cette drogue douce dans la région du Rif. Des chiffres, des cartes, des photos, des statistiques et des diagrammes. Autant de données qui ont permis de mesurer l'ampleur du phénomène. C'est la première fois qu'un document aussi clair et précis avec un souci pédagogique incontestable a été produit dans un esprit à la fois positif et constructif de part et d'autre. Un bon exemple de coopération internationale comme l'a souligné dans la préface du rapport, Driss Benhima en sa qualité de directeur général de l'agence du nord. La nature de la démarche mérite d'être saluée. Le Royaume a été présenté de nouveau comme l'une des principales sources de la résine cannabis à destination notamment du marché européen avec un chiffre d'affaires estimé à quelque 10 milliards d'euros. Une manne colossale qui profite essentiellement aux trafiquants et non pas aux cultivateurs. Cependant, force est de reconnaître que d'un point de vue strictement marchand, cette culture pour illicite qu'elle soit n'aurait jamais existé si elle ne rencontrait pas une demande. La complexité du problème, au-delà des considérations morales, vient d'abord de cette situation-là. Un produit qui a ses consommateurs tout comme la cigarette ou l'alcool a les siens. Ce n'est pas la vigilance des services de sécurité qui multiplient les opérations de saisies du cannabis à destination du vieux continent qui arrêtera le trafic du haschisch, encore moins sa culture dans les provinces du nord. La mise en place d'activités de substitution pourrait être une solution de rechange. Produire de la tomate au lieu du cannabis. Mais cette idée noble est vouée d'office à l'échec ne serait-ce que parce que les gains générés par les stupéfiants sont autrement plus importants… Et puis, une lutte efficace contre ce commerce jugé illégal ne commencerait-elle pas en amont par l'interdiction des semences du cannabis qui sont, elles, fabriquées et sélectionnés en toute légalité dans les laboratoires hollandais ? Last but not least, la stigmatisation des pays producteurs du cannabis comme le Maroc a-t-elle vraiment un sens au moment où certains pays européens tels que les Pays-Bas, la Suisse et le Danemark ont décrété la dépénalisation de la consommation du haschich ? D'autres pays comme la France et l'Espagne où le débat est déjà posé, pourraient à l'avenir leur emboîter le pas. D'un côté, on diabolise la consommation du haschich sous forme de pétards alors que son influence d'une personne à une autre est différente et de l'autre côté on reconnaît les vertus de la plante dont des substances sont utilisées en médecine naturelle et dans la fabrication de médicaments. Une chose est sûre : une certaine hypocrisie continue à entourer la question du cannabis qui du reste n'a jamais tué personne à la différence de l'alcool et de la cigarette…