Après avoir passé une journée à l'école André Malraux, neuf élèves ont été expulsés de cet établissement privé de la Mission française. Leurs parents portent l'affaire devant la justice et réclament la réadmission de leurs enfants. Depuis un mois, les parents de quatre enfants âgés entre 4 et 5 ans, expulsés en septembre dernier de l'école André Malraux à Rabat, établissement affilié au réseau de la Mission laïque française, livrent une bataille sans merci pour faire valoir le droit de leurs enfants. L'histoire a commencé le lundi 5 septembre, premier jour d'école pour les nouveaux venus. Abla et ses camarades d'école ont été conduits à leurs classes et présentés à leurs nouveaux enseignants. Ils ont abordé ce jour, contents et souriants. Malheureusement, leur second jour d'école n'était pas si gai. Mardi 6 septembre, des membres de l'administration sont entrés dans la salle de classe et ont signifié à Abla et huit de ses camarades qu'ils ne peuvent pas suivre leur scolarité au sein de l'école André Malraux. « La manière avec laquelle mon enfant et ses camarades ont été traités est honteuse. On leur a refusé d'entrer dans les classes. Dans la cour, certains étaient en pleurs quand nous sommes venus les chercher. C'est humiliant.», s'indigne la mère d'un garçon. Et d'ajouter : « Quand j'ai demandé une explication, le proviseur m'a informée que mon enfant n'est pas admis à la mission française. Il a confirmé comme quoi les résultats des tests de juin dernier n'étaient pas satisfaisants. Et par conséquent, son nom ne figure pas sur la liste d'attente. C'est insensé. Au début du mois de septembre, on m'a convoqué pour régler les frais d'inscription pour l'année scolaire 2005/2006. Et j'ai donné à Amine Anouari, un administrateur à Malraux, un chèque non endossable de 12 000 dirhams pour couvrir les frais d'inscription. Un reçu cacheté de l'école prouve la véracité de mes propos.». La même chose est valable pour les huit autres familles. Suite à des investigations, les autorités marocaines ont arrêté Amine Anouari et l'ont déféré devant la justice. « Il a avoué qu'il a dûment enregistré les enfants et qu'il a encaissé les chèques, versements effectués sur son compte bancaire personnel. », affirme l'un des parents. Le verdict du tribunal est tombé la semaine dernière. L'administrateur Amine Anouari a été condamné à dix mois de prison ferme. Cependant, l'accès aux classes au sein de l'école André Malraux est toujours refusé aux enfants. Les parents ont alors porté l'affaire devant la justice. «Nous demandons la réadmission de nos enfants dans leurs classes respectives, soit dommages et intérêts pour le traitement humiliant, hostile et injuste dont nos enfants ont été victimes», proteste Abdellah Essadiq, père de Abla. « Ce qui nous exaspère le plus, c'est le fait que l'école n'admet pas sa responsabilité dans cette affaire. J'ai contacté le conseiller culturel au niveau de l'ambassade de France, il m'a dit clairement qu'il ne peut pas faire valoir un droit suite à une escroquerie.», ajoute-t-il. Contacté par ALM pour avoir sa version des faits, le proviseur de l'école André Malraux, Daniel Troadec, n'a pas souhaité s'exprimer. Le dossier est toujours devant la justice.