Le gouvernement marocain œuvre à mettre en place une vision en vue de créer un écosystème national et intégré du stock stratégique des produits de base. C'est ce qu'a confirmé Mohamed Sadiki, ministre de l'agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, en réponse à une question orale qui lui a été adressée lundi à la Chambre des représentants. Le ministre a indiqué que cette vision s'inscrit en application des Hautes orientations royales. Pour ce faire, le département de l'Agriculture a instauré une équipe dédiée à l'identification des produits concernés par ce stock et des mesures qui seront mises en place pour assurer la «souveraineté alimentaire». «Ces produits sont constitués de deux catégories. La première concerne les produits de base que la production nationale ne permet pas de couvrir, à savoir les céréales, le sucre et les huiles de table, tandis que la seconde porte sur les intrants agricoles, en particulier les semences, les engrais azotés et les pesticides qui ne sont pas produits localement», explique le ministre. Et de poursuivre que «dans l'attente de fixer la vision finale de ce chantier et les mécanismes à même d'assurer sa mise en œuvre, le ministère de l'agriculture a entamé, conjointement avec le ministère des finances, à partir de ce mois, la constitution progressive d'un stock de réserve de blé tendre et dur». Ce stock, qui s'ajoute au stock disponible couvrant cinq mois, sera mis à la disposition de l'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL), selon le mécanisme légal dont il dispose. Il sera par ailleurs liquidé en fonction de la conjoncture et en coordination avec les professionnels du domaine. «Nous sommes confrontés à une crise multifactorielle et incontrôlée et le gouvernement met tout en œuvre pour suivre l'évolution de cette situation et y faire face en fonction des moyens disponibles», assure le ministre. Terres collectives : Les départements de l'Agriculture et de l'Intérieur mobilisés La mobilisation des terres collectives pour l'investissement fait également partie des axes abordés lors de l'intervention de M. Sadiki. Le ministre a rappelé dans ce sens que «la stratégie agricole Al Jayl Al Akhdar place les terres collectives au centre de ses mécanismes et en fait un levier de promotion de l'investissement. Le but étant de garantir un développement inclusif et intégré à même de faire émerger une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs agricoles et une classe moyenne agricole». Le ministre a fait état d'une étroite collaboration entre les ministères de l'agriculture et de l'intérieur. Les deux parties ont publié une circulaire commune qui définit la procédure de mise en œuvre de ce chantier qui vise à mobiliser et valoriser pas moins d'un million d'hectares. Le département de Mohamed Sadiki a par ailleurs procédé à l'élaboration d'une offre complète dédiée à la valorisation des terres collectives à travers la mise en place d'un système incitatif adéquat dans le cadre du fonds de développement agricole, outre l'élaboration d'un décret fixant les incitations financières octroyées aux ayants droit. Deux projets de loi agricoles approuvés à l'unanimité Il est à rappeler que la Chambre des représentants a approuvé à l'unanimité, lundi à Rabat, le projet de loi n° 81.21 modifiant et complétant la loi n° 40.80 portant création de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et le projet de loi n° 80.21 portant création du Registre national agricole. «Ces deux projets de loi revêtent une importance particulière pour le secteur agricole», assure M. Sadiki. Et de poursuivre que «le projet de loi n°80.21 portant création du Registre national agricole est considéré comme un maillon essentiel de soutien et de renforcement de l'arsenal juridique encadrant le secteur agricole». Ce projet de loi s'inscrit dans le cadre des engagements du ministère visant à mieux maîtriser ses modalités d'intervention pour mettre en œuvre les programmes et projets de développement agricole en vue d'augmenter la production agricole, d'améliorer la productivité, et de valoriser l'élément humain, considéré comme principale ressource de développement du secteur agricole et de promotion de ses composantes. Le Registre national agricole, qui permettra d'attribuer aux exploitations agricoles, quel que soit leur statut juridique, un unique identifiant digital, vise notamment à fournir une base de données de ces exploitations et des propriétaires des domaines agricoles. L'objectif étant d'assurer une exploitation optimale et efficace des terres agricoles, de renforcer et de faciliter l'accès aux programmes mis en place par le gouvernement pour améliorer la situation des agriculteurs et la promotion du secteur agricole. Ledit registre permettra également de fournir des données, statistiques et informations détaillées sur le secteur et ses acteurs, en plus de piloter et d'évaluer les politiques publiques agricoles et par conséquent, de jouer le rôle d'un accélérateur du rythme de modernisation des petits et moyens domaines. Il s'agit aussi d'un écosystème garantissant un meilleur ciblage des interventions, particulièrement en ce qui concerne les opérations de conseil agricole et de généralisation de la protection sociale.