Le président de l'AMIHT, Karim Tazi, est globalement satisfait du plan de relance confectionné pour le secteur textile et habillement. Ce programme se veut pragmatique avec des solutions adaptées à chacune des branches de cette industrie. Entretien. ALM : Où en est l'industrie textile au Maroc neuf mois après la fin de l'accord multifibre ? Karim Tazi : Premièrement, je voudrais souligner un constat. L'effondrement du secteur du textile national prédit par certains avec la fin de l'accord multifibre et l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMS) de la Chine n'ont pas eu lieu. L'industrie textile marocaine est toujours là et se porte bien. Il est vrai que nous avons eu un premier semestre éprouvant avec une baisse de l'exportation de 10 %. Mais la situation se redresse. Quelles sont les grandes lignes du plan de relance du secteur textile ? Premièrement, ce plan de relance, dont la signature aura lieu au cours de la deuxième semaine d'octobre, a exclu le recours aux subventions sur les cotisations de la CNSS et sur l'énergie car elles ne contribuent pas à la restructuration du secteur. Il faut souligner que ce dernier a besoin de restructuration et non de subventions. Par ailleurs, le plan est un nouveau contrat-programme principalement axé sur les problèmes qui handicapent sensiblement la compétitivité des entreprises marocaines. Il comprend un important arsenal de mesures. Parmi elles, figurent les facilités douanières. D'une manière générale, le plan s'articule autour de quatre grandes lignes d'action. La première porte sur l'ambitieux accord conclu avec la Douane, et qui porte sur la fluidité des opérations de dédouanement à l'import et à l'export ainsi que sur la régularisation des passifs. La nouveauté de cet accord réside dans l'adoption d'un principe de catégorisation des entreprises. Ce concept permettra un traitement de différenciation entre les entreprises transparentes et les entreprises opaques. Le second axe du plan concerne la promotion des exportations. Le gouvernement s'est engagé à porter à 20 millions de dirhams le budget de la promotion du secteur. Auparavant, seulement 4 millions de dirhams étaient consacrés à la promotion de la filière. Le troisième volet du plan a trait à la mise en place du Fonds de mise à niveau (FOMAN) et du Fonds de restructuration financière. Ces deux fonds ont pour objectif de permettre la restructuration de l'endettement de l'entreprise et de financer les investissements des mises à niveau des outils industriels. Autre volet de taille, la réforme tarifaire des droits douaniers appliqués aux importations. Les importations d'intrants textiles en provenance de l'Union européenne et des Etats-Unis ont en commun des baisses qui sont de nature à réduire les risques fiscaux encourus par les entreprises dans le cadre de leur importation en admission temporaire. La réduction des droits douaniers est aussi de nature à aider les industriels travaillant pour le marché local. Est-ce que ce plan retient l'idée des smig régionaux, évoquée il y a quelque temps par l'Association marocaine du textile et de l'habillement (AMITH) ? L'idée des smig régionaux est effectivement une proposition de l'AMITH. Mais, elle n'a jamais fait l'objet de débat officiel ni au sein du gouvernement ni au sein du Parlement. Quels sont les points sur lesquels vous n'avez pas été satisfait ? Le principal point, qui n'a pas été tranché dans le plan de relance du secteur textile, concerne la baisse des frets maritimes, notamment celui du coût de la traversée du détroit. Vu la conjoncture économique du Maroc, ne pensez-vous pas que les revendications de l'AMITH vont au-delà des possibilités du pays ? Non. Et pour la simple raison que l'entreprise marocaine en terme de compétitivité est bien derrière ses concurrents. Nous n'avons pas exigé de l'Etat des subventions. Tout ce que l'on demande, c'est de mettre l'entreprise marocaine dans une situation de compétitivité comparable à celle de ses concurrents euroméditerrannéens.